« Redirection écologique » et « croissance zéro » : deux nouveaux modèles économiques ?
La triple crise — sanitaire, économique et environnementale — incite certains industriels à envisager des modèles de rupture autour de la « redirection écologique » de la « croissance 0 ». Utopie ou réalité ?
- Nombre d'industriels s'engagent dans une politique tournée vers la transition écologique et la protection de la planète. Cela passe par différentes : renoncer à des marchés incompatibles avec l’urgence climatique ; développer les projets « low tech » sobres, fonctionnels et utiles ; changer ses modes d’approvisionnement en relocalisant ses achats.
- La formation se met également à l'heure de la « redirection écologique ». Par exemple, l’ESC Clermont Business School a mis en place un cursus pour former de nouveaux profils capables d’aider l’entreprise à identifier les marchés, produits et/ou technologies incompatibles avec les défis planétaires. Vers la multiplication de redirectionnistes dans les entreprises ?
Les universités forment les jeunes à l’analyse des besoins et du cycle de vie des produits, à l’économie circulaire, à l’écoconception ou à l’innovation frugale. Centrale Lille, par exemple, propose une formation avec une dimension low tech pour les étudiants en 5ème année. Les étudiants qui bénéficient de ces cursus recherchent par la suite des entreprises qui correspondent à ces aspirations.
- « Je n’ai pas besoin de recruter davantage, de grossir pour grossir. ». Ce témoignage d'un industriel traduit le questionnement autour de la décroissance qui s'amplifie avec la crise économique et sanitaire. Si la récession est un phénomène subi, la décroissance est présentée comme un possible modèle économique alternatif au capitalisme.
- Timothée Parrique, docteur en économie, parle de décroissance « dans le sens d’une dé-croyance : abandonner l'idéologie de la croissance et sa vision matérialiste du progrès, celle qui dit que plus, c’est toujours mieux, (…) pour une société frugale, conviviale, plus juste, démocratique, et en harmonie avec la nature ».
- Selon le politologue Paul Ariès, « le confinement n’est en rien une anticipation de la décroissance, mais un symptôme de l’effondrement systémique qui vient du fait du productivisme ». L’enjeu ne serait-il pas alors non pas de décroître mais de construire un monde à la hauteur des exigences écologiques ?