Le temps se repense à l’intérieur de l’entreprise
La crise sanitaire bouleverse la notion de temps ou tout au moins renforce des tendances en cours. Ainsi, le « stop and go » lié aux différents confinements, les ruptures de rythme et les incertitudes sur l’avenir changent les notions même de court, moyen et long termes.
Déjà en gestation, la prise en compte du temps de la vie personnelle dans l’organisation du travail s’accentue. Ce qui peut favoriser l’agilité de l’entreprise tout en assurant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. À la demande des salariés, certaines entreprises repensent leurs horaires pour tenir compte de leurs contraintes individuelles : ouverture de l’entreprise le week-end, travail de nuit, horaires élargis entre 5h et 18h avec un roulement des équipes, etc.
Selon l’anthropologue Fanny Parisse, la crise sanitaire invite également à « prendre le temps du recul avec une vision moins émotionnelle au sein de notre vie professionnelle et personnelle ». Cela permet de mieux supporter les contraintes, et de « rendre plus acceptable la situation pour amener plus de cohérence pour nous-mêmes et les autres ».
Enfin, le temps apparemment improductif prend de la valeur. Selon Gwenaelle Rot, sociologue spécialisée dans l’organisation du travail, « on peut avoir l’image d’un travail sans à coup, alors que, dans certains métiers, les rythmes sont en réalité discontinus, avec des phases d’accélération et d’attente. Dans les moments de “pause”, les gens ne semblent pas travailler mais ils sont en réalité dans une situation de vigilance, telle que la surveillance des infrastructures pétrolières. Ces temps de surveillance et d’observation doivent être considérés comme une activité à part entière par les entreprises. »