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Actualités Prospective Industries
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Comment affronter la crise énergétique ?

En devenant structurelle, la crise énergétique pourrait accélérer la transition énergétique des entreprises. Quand les enjeux industriels et énergétiques convergent.

Les annonces gouvernementales de rentrée laissent présager d'une crise énergétique prolongée qui se traduit concrètement par l'augmentation vertigineuse des prix du gaz et de l'électricité. Pour y faire face, certains industriels envisagent même de réduire leur activité pour moins consommer, à l'image de certaines industries qui ralentissent voire arrêtent leur production.

Intégrer les enjeux énergétiques dans une stratégie long terme

L'énergie la moins chère étant celle que l'on ne consomme pas, la sobriété énergétique apparaît comme l'une des pistes les plus évidentes, avec des actions simples telles que le remplacement des ampoules par des leds ou la sensibilisation des collaborateurs aux petits gestes d'économie.

Dans certains secteurs de l'industrie, le procédé se révèle très énergivore, notamment du fait d'équipements d'automatisme qui consomment beaucoup. Des entreprises électro-intensives vont plutôt chercher à réduire leur facture énergétique en réorganisant le travail (travail de nuit par exemple), en récupérant la chaleur fatale ou en installant des panneaux solaires sur les toits des usines.

Pour bien des entreprises, la crise pourrait accélérer la transition énergétique. Selon un industriel que nous avons interrogé: « Je jugeais avant la guerre en Ukraine que la hausse des prix de l’énergie et des approvisionnements serait conjoncturelle. Or, on se rend compte que cela devient structurel. » Ce qui revient à se poser la question de comment intégrer les enjeux énergétiques dans une stratégie long terme.

Les enjeux industriels et énergétiques sont interdépendants

La transformation des modèles de production et des offres de produits et services contribue également à la transition énergétique. Selon Greg de Temmerman, docteur en physique expérimentale et directeur de Zenon Research, « il y a une vraie question d’intégrer les enjeux industriels et énergétiques car l’un et l’autre sont interdépendants et donc il faut s’assurer que l’un et l’autre pourront répondre à la demande ».

La décarbonation des produits et des process passe par des matières premières dont la hausse des prix devrait s'avérer durable. « L’urgence climatique impose la décarbonation des secteurs électriques et du transport et la substitution des technologies traditionnelles (centrales à charbon, véhicules thermiques, etc.) par des technologies plus soutenables (éolien, solaire, véhicules électriques). Or, ces technologies ont des contenus matériaux plus importants (rapportés au MW installé) que les technologies traditionnelles », souligne Emmanuel Hache, IFP Énergies nouvelles pour l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

Flexibilité des utilisateurs d'Enr

Enfin, se pose la question de l'équilibrage entre l'offre et la demande des énergies renouvelables. Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, ces dernières ont vu leurs capacités mondiales de production croître de 9,1 % en 2021, notamment en Asie, qui rassemble, à elle seule, 60 % des nouvelles capacités. La Chine, en particulier, concentre désormais près de la moitié des capacités renouvelables dans le monde (48 %).

Le développement des EnR ( éolien et solaire) , dépendantes des conditions météorologiques, pose la question de la gestion de leur intermittence et donc de la flexibilité́ des utilisateurs. D’où l’idée de « mettre en place des mécanismes d’incitation : si un industriel ou un consommateur est capable de moduler son utilisation en fonction des prix ou de la disponibilité de l’énergie, ce service pourrait être mieux rémunéré car il aide à rééquilibrer le réseau électrique, explique Greg de Temmerman. Cette transition énergétique demanderait de définir les usages qui pourront être déplacés ou pas. »

Exemple : la technologie vehicule-to-grid (V2G) certifiée fin 2021 par RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité français. Son principe est simple : branchée à une borne connectée, la batterie d’un véhicule électrique peut être pilotée à distance pour être chargée au moment où l’énergie est la moins chère et la moins carbonée. L’électricité peut ensuite être réinjectée à des moments où les conditions vont être plus défavorables.

YannickMadec_140_200« Plutôt que de penser gaz, électricité, énergies renouvelables, il faut commencer par réfléchir à la façon dont on travaille. Chaque industriel doit repenser son procédé, pour jouer sur la sobriété énergétique. Beaucoup de nos clients ont développé l'automatisation pour réduire leur coût de main d'œuvre, mais avec des équipements très énergivores et de faible rendement. »

Yannick Madec Thermigas 

Jacques Pidoux_140_200« Nous avons embauché un energy manager qui travaille à 100 % sur les sujets énergétiques. Il faut que les solutions viennent de l'intérieur. Une grande part des économies viendra de l'optimisation du process. » 

Jacques Pidoux, BCF Lifesciences

NicolasSamon_140_200« Nous aidons les entreprises à intégrer les projets solaires. Mais la 1ere étape consiste à bien mesurer sa consommation. Avec l'intelligence artificielle, on peut connecter tous les capteurs afin de prédire ce que l'on va consommer et planifier sa production en fonction, en d’autres termes créer des jumeaux numériques énergétiques. Ensuite, l'objectif, c'est de devenir davantage flexible, pour revenir à ce que l'on faisait autrefois : produire quand on a l'énergie et réduire les activités ou en faire d'autres moins énergivore quand elle n'est pas disponible. C'est tout l'enjeu des énergies renouvelables. »

Nicolas Samon, Enerfox