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Actualités Prospective Industries
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Et si demain la transversalité des secteurs créait de nouvelles dynamiques de développement ?

Intégration des enjeux de décarbonation et des nouvelles attentes des usagers, prise en compte de la hausse des prix de l’énergie et des pénuries de matières... Des entreprises étendent leur gamme de produits, élargissent leurs sources d’approvisionnement, et des secteurs entiers se « transversalisent ». Exemples avec la mobilité, le bâtiment et l’énergie solaire.

Mobilité : de quatre à deux roues

Pour couvrir la diversité des besoins clients en matière de mobilité, des constructeurs automobile (Volkswagen, Porsche, etc....) étendent leurs gammes, du camion ou bus au vélo électrique ou à la trottinette, et innovent.

L’équipementier Valeo adapte ses produits et technologies en ce sens. C’est le cas du « 48 volts » qui permet une hybridation légère. Le principe : un alterno-démarreur de 48 volts alimente une petite batterie et un petit moteur électrique, le système soulageant le moteur thermique lors des accélérations. Cette solution vise différents marchés de la mobilité : des deux roues (vélo à assistance électrique et scooters) aux quatre roues (petites citadines ou droïdes de livraison autonome).

Ce qui pourrait créer une opportunité pour les entreprises mécaniciennes ? Alors que la dépendance des entreprises au secteur de l’automobile inquiète les financiers, l’extension des gammes des constructeurs vers d'autres produits tels que le vélo électrique peut-elle relancer des collaborations avec leurs fournisseurs ?

Bâtiment : repenser l’emploi des matériaux et l’usage des constructions

La pénurie et l’augmentation des coûts des matières premières incitent les acteurs du secteur du bâtiment à repenser l’emploi des matériaux et l’usage des constructions. Les éléments constructifs sont davantage réemployés d'un chantier à l'autre. Par exemple, des structures métalliques intérieures peuvent être démontées pour des aménagements extérieurs. Pour aller plus loin, « les professionnels du bâtiment cherchent quels sont les gisements de matériaux qui peuvent être réutilisés, y compris ceux extérieurs à leur secteur », explique Lucie Vidal, cheffe de mission innovation chez Novabuild.

Ainsi, en partenariat avec Gebetex, une entreprise de tri textile, Saint-Gobain va commercialiser un nouvel isolant à base de textiles recyclés. Les vêtements jetés reviennent moins cher que le bois dont les coûts sont de plus en plus élevés. Ils sont en outre plus légers.

Des plateformes de matériaux multisectoriels pourraient émerger, afin de permettre au bâtiment de s'approvisionner dans d’autres secteurs. Encore faut-il pouvoir analyser les caractéristiques techniques des matériaux. C'est ce que fait l’Icam de Nantes avec le Centre scientifique et technique du bâtiment. Objectif : évaluer les prérequis pour transposer des matériaux d’autres secteurs dans le bâtiment.

Par ailleurs, les maîtres d’œuvre envisagent davantage les projets dans leur globalité, en intégrant l’aménagement de l’environnement du bâtiment (voies de circulation, clôtures, espaces paysagers, etc.) et son inscription dans le temps. Demain, le bâtiment sera-t-il encore plus réversible pour répondre à l’évolution des besoins des utilisateurs ?

Anticiper l'évolution d'un bâtiment avant sa construction, c’est le principe du « bâtiment réversible », à l’image du village qui accueillera les athlètes à Paris pour les Jeux Olympiques 2024. Il est prévu qu’il se transforme ensuite en bureaux, commerces et équipements publics. Ses constructeurs ont bénéficié de permis de construire « à double état », qui permettent de penser son usage sur le long terme. Ce permis devrait se développer pour d’autres applications, au regard des enjeux de durabilité des constructions et d’évolution des besoins de la société.

Énergie solaire : « je produis aussi pour autrui »

Dans un contexte de hausse des prix de l'énergie, les projets d’autoconsommation collective pourraient s’élargir aux entreprises.

Aujourd’hui, le besoin de sécuriser économiquement ses approvisionnements énergétiques devient prioritaire. Pour cela, il faut que l’entreprise produise son énergie. La logique individuelle laisse la place à des démarches collectives grâce à des mécanismes qui permettent de partager l’énergie localement sur les territoires.

Exemple donné par Simon Ducasse, délégué général d’Atlansun, réseau de la filière solaire Grand Ouest. : « Avec Partagélec, la commune de Pénestin, en Bretagne, s’est engagée dans un projet d’autoconsommation collective. Installée sur le toit du centre technique municipal, une centrale photovoltaïque de 40 KW, alimente une douzaine d’entreprises de la zone d’activité. Si, pour l'instant, le partage et la revente d’énergie sont principalement portés par les collectivités, l’intérêt économique des projets permet désormais d’imaginer des solutions portées par des société privées : une grande entreprise pourrait redistribuer son énergie à des PME sur sa zone d’activité ». 

Un besoin de connexion forte entre entreprises et fournisseurs apparaît, avec à la clé de potentielles dynamiques de croissance. 

« Beaucoup de technologies issues de l’automobile sont à présent adaptées au secteur du vélo : batteries, automatisation de la boite de vitesse qui s’adapte à la qualité du terrain (pavés, route lisse), machine-learning, etc.... La miniaturisation des composants dans le secteur automobile pourrait demain être transposable au domaine du cycle. »,

Équipe Veille technologique & stratégique du Cetim