L'éthique, un élément à part entière de la stratégie ?
Les crises sanitaires, géopolitiques et climatiques imposent-elles aux entreprises de prendre clairement position et de s’engager ?
« Au-delà de revendiquer des valeurs dans l’entreprise, appliquons-les dans le business. Le monde entre dans une phase où il est mis au pied du mur. Le réel nous rattrape, nos contradictions sont en train d’éclater. » À l'image de ce dirigeant, certains industriels affirment vouloir prendre des positions plus radicales vis-à-vis de leurs clients, en cherchant à travailler avec des entreprises plus loyales, plus éthiques. Il faut dire que, de plus en plus, les entreprises doivent gérer des conflits de valeurs. Exemple : le groupe familial Mulliez a décidé fin mars de maintenir ouvertes certaines de ses enseignes en Russie, arguant de « sa responsabilité vis-à-vis de ses 45 000 collaborateurs et de leurs familles (...) Fermer l’entreprise du jour au lendemain, fermer nos magasins serait tout simplement un abandon considéré comme une faillite préméditée, donc illégale, ouvrant la voie à une expropriation, qui renforcerait les moyens financiers de la Russie », expliquait le groupe. Ce à quoi un industriel a réagi lors de la collecte : « Si vraiment ils voulaient afficher leurs valeurs, ils maintiendraient le salaire de leurs collaborateurs russes sans les faire travailler. Le groupe Mulliez en a largement les moyens. Elles sont là, les vraies valeurs. »
Les jugements de nature morale, qui pèsent davantage sur les prises de position, se révèlent plus contradictoires, sous l’effet d’attentes divergentes des parties prenantes. La pression croissante de différentes parties prenantes conduit à penser que l'éthique devrait faire l'objet d'une approche plus stratégique de l'entreprise.