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De nouvelles réponses à la pénurie de main d'œuvre

Face à la pénurie de main-d'œuvre, les industriels ne manquent pas d'imagination pour attirer et fidéliser des talents. Jusqu'à préparer leur départ pour mieux les retenir : l'off-boarding fait son chemin dans les entreprises.

La pénurie de salariés provoque une recrudescence des débauchages. C'est ce que constatent plusieurs dirigeants qui voient d'un mauvais œil cette pratique, porteuse de risques et d’opportunités. « Il est difficile à mettre en place et peut créer de nouvelles tensions, explique une cheffe d'entreprise. Il nécessite également une attention plus forte des dirigeants et parfois l’obligation de s’aligner avec les offres des débaucheurs pour conserver ses employés. »

Autre moyen de faire face à la pénurie de main-d'œuvre : se tourner vers l'étranger, comme l'explique ce dirigeant : « Dans nos métiers, techniciens et ingénieurs, nous sommes arrivés à un point tel que nous sommes obligés de changer la manière de recruter. Soit il faut les débaucher mais ce n’est pas évident, soit chercher ailleurs. Par exemple, nos trois dernières recrues sont un ingénieur informaticien vietnamien, un technicien marocain et un technicien tunisien. De nouvelles problématiques apparaissent, en particulier les difficultés d’obtenir un visa de travail, en plus de l’augmentation du temps de recrutement ». 

 

La robotisation, un moyen de compenser le manque de main-d'œuvre.

Les réseaux sociaux prennent une importance grandissante, à l'image de ce chef d'entreprise qui, depuis deux ans, communique sur ses nouveaux produits, l’ambiance dans l’entreprise, les potentiels investissements. Une stratégie qui porte ses fruits avec des sollicitations de clients et de candidats. Ce dirigeant indique que les derniers recrutements ont été réalisés via LinkedIn. Un outil peu utilisé dans ce cadre mais qui semble avoir un impact important.

La robotisation peut également être un moyen de compenser le manque de main-d'œuvre. Jusqu'à présent, les critères de productivité et de compétitivité dominaient dans la décision d'automatiser et de robotiser. Le manque de main-d'œuvre devient un nouveau facteur. Cette tendance se confirme et se renforce.

D'une manière générale, le recours aux nouvelles technologies semble être un palliatif. L’intelligence artificielle s'invite de plus en plus dans les fonctions RH notamment dans le recrutement. Ainsi, Amazon développe en interne un logiciel d’IA pour filtrer les candidats à l’emploi. Le nouvel algorithme de recrutement, AAE (Automated Applicant Evaluation) vise à repérer les similarités entre les CV des employés actuels donnant satisfaction, et ceux des candidats postulant à des emplois équivalents. À terme, cet outil vise à remplacer les recruteurs par des IA. En parallèle, Amazon a proposé à plusieurs centaines de recruteurs de quitter l’entreprise en leur offrant trois mois de salaire ainsi qu’une semaine de salaire par tranche de six mois d’ancienneté dans l’entreprise.

 

« Il n'y a rien de plus engageant que d'être libre de partir »

Qui veut conserver ses collaborateurs prépare leur départ : c'est la théorie de l'Off-boarding, qu'explique de manière approfondie Isabelle Barth, professeure en management à l'Université de Strasbourg. Le départ d’un salarié peut être source de plusieurs avantages : éviter les conflits, ouvrir l’opportunité du salarié boomerang, améliorer l'engagement de son employé et même le fidéliser.

Concrètement, le Off-boarding regroupe tous les processus, toutes les procédures et tous les services mis en place par une entreprise pour gérer et faciliter le départ de l’un de ses salariés. Que ce départ soit volontaire ou contraint. Cela passe par des entretiens professionnels plus poussés et plus réguliers, par exemple.

Une théorie validée par François Pellerin, chercheur associé de Mines ParisTech, qui voit « un magnifique paradoxe et le meilleur argument pour accompagner positivement les salariés sur le départ : il n'y a rien de plus engageant que d'être libre de partir, c'est valable pour toutes les activités humaines », estime-t-il. 

 

« Soigner l'off-boarding est important. À titre d’exemple, j'ai distribué des actions à un collaborateur qui quittait l'entreprise. C'est une façon de lui témoigner ma reconnaissance pour le travail accompli tout en montrant aux autres collaborateurs la considération de l'entreprise. »

Sacha Stojanovic, Meanwhile