La crise d’approvisionnement redéfinit le rôle du service Achats
Dans un contexte marqué par les difficultés d'approvisionnement, les retards de production, la rationalisation des productions chez certains fournisseurs, les entreprises sont contraintes de repenser leurs méthodes d'achat et de collaboration interne. Une tendance émergente, où les rôles traditionnels sont bousculés, suscite l'attention : l’intégration des services achats dans les processus de conception, d’innovation et de production.
Un inversement des rôles
Auparavant, le processus d'achat suivait un schéma bien établi : le bureau d'études définissait les critères techniques, et les achats trouvaient les meilleures offres conformes à ces critères. Cependant, les difficultés conjoncturelles et structurelles d'approvisionnement, qui touchent diverses industries ont bouleversé cette dynamique. Désormais, ce sont les équipes d'achats qui informent le bureau d'études sur ce qui est accessible sur le marché. Ce dernier doit alors s'adapter techniquement pour intégrer les produits et matériaux disponibles.
Pierre-Marie Gaillot, directeur de la transformations des entreprises au Cetim, souligne cette transformation : « Les relations s’inversent entre service achats et bureau d’études, c’est-à-dire entre celui qui est « client » et celui qui est le « support » dans l’organisation de l’entreprise. »
Des bénéfices opérationnels et organisationnels au service de l’innovation
Cette réorientation des rôles favorise une plus grande collaboration et un rapprochement entre les différentes fonctions de l'entreprise. Les services achats ne se contentent plus de choisir les fournisseurs, mais ils deviennent des facilitateurs, aidant les équipes de conception et de production dans leurs développements malgré les obstacles liés à la disponibilité des matériaux et des composants. Les crises d'approvisionnement ont poussé les acteurs de l'industrie à revoir leurs modèles opérationnels et à repenser la manière dont les décisions sont prises. Ils ouvrent également la voie à de nouvelles opportunités d'innovation.
« Pour répondre à ces défis, les bureaux d'études s'orientent vers le développement de la conception modulaire. » Explique Pierre Marie Gaillot. Cette approche permet aux entreprises d'intégrer des modules qui incorporent diverses technologies. Ainsi, les entreprises peuvent plus facilement passer d'une solution à une autre en fonction de la disponibilité des composants, s’affranchissant ainsi d’une dépendance à un fournisseur ou une technologie. Outre la résilience aux perturbations d'approvisionnement, cela stimule également les bureaux d’études à imaginer de nouveaux produits prenant en compte cette tendance dans leurs méthodes de conception et de design.