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Psychologie et intelligence émotionnelle : deux compétences essentielles du manager ?

La montée de la peur et de l’anxiété se traduit par l'expression des émotions dans l'entreprise, jusqu'à voir parfois l'irrationnel l'emporter sur la raison. Un phénomène que les dirigeants ne peuvent ignorer et qu'ils doivent traiter, même si certains rechignent à s'aventurer dans une sphère qu'ils considèrent comme privée.

Développement de l'intelligence artificielle et réchauffement climatique : ces deux phénomènes créent de nouvelles formes d'anxiété. La première est liée aux pertes d’emploi, à la propagation de la désinformation, à la déshumanisation et à la hausse de la cybercriminalité, perçus comme les principaux risques liés à l'intelligence artificielle. La seconde, dite éco-anxiété, atteint 45 % des 18-30 ans, selon l'Institut Jean Jaurès. Ceux-là mêmes que les entreprises embauchent ou vont embaucher.

« On n'est pas toujours à l'aise avec cela »

Principale conséquence, l’émotionnel prend le pas sur le rationnel. « Depuis deux ans, on observe des comportements beaucoup plus intenses, estime un dirigeant industriel. Les émotions s’expriment sans frein, aussi bien dans le positif que le négatif. On ne peut pas l'ignorer même si l’on n’est pas toujours à l’aise avec cela. » Un industriel explique ainsi que « le quotidien de l'administration des ventes, c’est dorénavant de gérer les colères des clients. Par exemple les gens n'acceptent pas qu'on les informe d'un potentiel retard lié au transport. ».

La psychologie ou la philosophie deviennent une composante du management

Face à la montée de ces anxiétés et la difficulté à gérer ses émotions, les sciences humaines, telles que la psychologie ou la philosophie, deviennent une composante du management. L’IPC Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie de Paris a ouvert à la rentrée 2023 un master 2 de Ressources Humaines. En partenariat avec l’IAE de Metz, ce master permettra aux étudiants de se former en particulier à la philosophie du management, à l’ergologie*, à l’accompagnement du changement et à des approches critiques du management et des ressources humaines.

« Il faut chercher la raison du mal-être »

Pour ce dirigeant industriel, « le manager devient de plus en plus psychologue avec les personnes qu'il encadre. Cela signifie que l’on ne se contente plus d’aligner des indicateurs avec des objectifs, mais qu’il faut chercher la raison d’un mal-être, le pourquoi fondamental humain d’une situation. Certains managers le font naturellement, d’autres ne veulent pas entrer dans cet espace qu’ils jugent très privé. Cette nouvelle dimension dépend également des personnes à encadrer, toutes ne souhaitent pas partager ça avec leur manager. »

Dans une période où l’irrationnel prend le pas sur la raison, où les émotions s'expriment de plus en plus, plusieurs dirigeants indiquent que l’intelligence émotionnelle devient une compétence clé dans l’entreprise. Elle se définit comme la capacité d'un individu à percevoir, comprendre, maîtriser et exprimer une émotion qui lui est propre et à distinguer et décoder celle chez l'autre.

 

*Démarche permettant d'analyser les situations de travail et plus généralement les activités humaines, et d'y intervenir pour les transformer.

 

Point de vue

 

« Aujourd’hui tout est contestable et tout est remis en question, je suis préoccupé par les peurs, les changements et les destructions de référentiels. » reformuler : les référentiels disparaissent ce qui crée de la peur. » 

« C'est un fait : je trouve que les collaborateurs, les opérateurs comme les cadres, sont beaucoup plus anxieux qu'avant. C'est peut-être parce qu'on est en train de changer de monde. La perte de la souveraineté mondiale de l'Occident peut être hyper anxiogène et les systèmes d'information liés aux réseaux sociaux créent des réactions irrationnelles difficilement compréhensibles par les esprits cartésiens.» 

Xavier GaudefroySynoxis

« Les jeunes sont anxieux car ils se rendent compte qu'ils vont subir un monde sur lequel ils n'ont pas de prise. Ce qui me fait peur, c'est l'impact énorme de la désinformation sur la société et le vivre ensemble. »

Valentin Bonneau, Proxinnov