Temps partiel et transition écologique : deux leviers pour recruter
Et si le temps disponible était négociable dans le recrutement au même titre que le salaire ? C’est en tout cas un critère qui devient important pour choisir son entreprise. Tout comme l’écologie qui pourrait devenir un argument majeur des entreprises pour convaincre des candidats.
« Il est surprenant d’observer que, dans les entretiens d’embauche, la négociation porte toujours sur le salaire à l’embauche mais très rarement sur le temps de travail », constate un dirigeant. Les choses seraient-elles en train d’évoluer ?
Les candidats semblent de plus en plus enclins à accepter, voire désirer du temps partiel
Plusieurs chefs d’entreprise, en particulier des startups industrielles, indiquent que le temps partiel leur permet de « s’offrir » des compétences, sur des postes importants d’ingénieurs, par exemple, alors qu’ils ne disposent pas assez de moyens financiers ou de missions à leur proposer. « Nous n’avons pas les moyens d’embaucher à temps plein alors que nous avons besoin de démultiplier les compétences, témoigne Ulysse Michon, dirigeant de start-up. Nous sommes dans une logique de partage de compétences accepté par certains collaborateurs. Par exemple, les deux ingénieurs recrutés dernièrement travaillent l’un au 3/5ème et l’autre au 4/5ème ». Le dirigeant explique que lui-même travaille 40 à 50 % de son temps sur ce projet de startup, et le reste sur un autre.
Les candidats semblent de plus en plus enclins à accepter, voire désirer du temps partiel. Fabrice Lallemand, co-fondateur et conseiller scientifique de AFU Ludine SAS, embauche des freelances de 50/55 ans à temps partiel (entre 20 et 30 %) : « Mon service RH est transformé depuis que j’applique cette méthode. Les freelances, que l’on ne peut pas payer à temps plein, apportent les compétences nécessaires et suffisantes. Parfois, employer un senior très qualifiée à 25 % du temps suffit et coûte aussi cher qu’un jeune à 100 % ».
« Cela fait deux ans que je n'ai pas pris l'avion et j'aimerais ne pas le prendre pour l'entreprise »
Autre levier pour recruter : la transition écologique. Cela peut aller jusqu’à de nouvelles exigences des candidats sur les trajets professionnels à fort impact carbone. « Un candidat m’a dit : « cela fait deux ans que je ne suis pas monté dans un avion et j'aimerais ne pas le prendre pour l'entreprise », illustre un dirigeant. C'est la première fois que ça m'arrive ! On sent vraiment une préoccupation environnementale de la part des collaborateurs et les attentes sont clairement exprimées ». Certaines entreprises vont jusqu’à donner un jour de congé supplémentaire aux personnes qui voyagent plus loin, si elles utilisent le train ou le car plutôt que l’avion.
Les questions environnementales deviennent également un argument décisif pour débaucher des salariés, parfois avant la rémunération, comme en témoigne cet industriel : « On attire les candidats par la transition écologique au sens large du terme, aussi bien sur nos produits que sur notre façon de concevoir le modèle de l’entreprise, ou bien encore par le fait qu’ils auront accès à la direction très facilement et que les projets pourront avancer plus vite. Et cela ne concerne pas seulement les jeunes, les seniors sont également attirés par ce dernier point ».
Le changement climatique et de la transition écologique seront les principaux moteurs de la création d’emploi
Selon le rapport Future Of Work 2023 qui s’intéresse aux métiers et compétences à l’horizon 2027, les répondants français expriment que les impacts du changement climatique et de la transition écologique seront les principaux moteurs de la création d’emploi dans les cinq prochaines années. Interrogés sur les meilleures pratiques qu’ils comptaient mettre en place pour améliorer l’attractivité de l’entreprise, ils placent en deuxième position une meilleure articulation de la mission de l’entreprise et de son impact. Cet aspect est plus marqué en France (44 %) que dans le reste du monde (24 %).
source : The Future of Jobs Report 2023
« Les entreprises engagées dans la décarbonation bénéficieront d’une forte attractivité »
Cette montée en puissance des préoccupations environnementales a conduit le réseau ICAM (Institut Catholique d’Arts et Métiers) à mettre en place le parcours « écologie intégrale » dans l’ensemble de ces formations. L’objectif est d’aller plus loin que la sensibilisation pour engager les futurs ingénieurs dans des démarches écologiques.
Cette tendance se retrouvent dans la majorité des écoles d’ingénieurs en France. Par exemple, les étudiants prennent l’habitude de prendre en compte le bilan carbone dans leur projet. Cela se traduit même par la remise en question des voyages obligatoires dans le cadre de leurs études.
« D’ici deux ans, tous les étudiants auront suivi ce parcours et seront beaucoup plus engagés dans les démarches écologiques, indique Olivier Hutin, industriel et président de l’UIMM Hauts-de-France. Les projets à impact et les entreprises engagées dans la décarbonation bénéficieront d’une forte attractivité. »