La relocalisation a-t-elle un sens économique ?
« Une hirondelle ne fait pas le printemps ». Ce n’est pas parce que les industriels français se sont mobilisés pour produire des masques ou des respirateurs que la relocalisation est en marche.
Pour autant la question est posée en ce terme, portée par un discours politique volontariste sur la souveraineté du pays notamment dans des secteurs vitaux tels que le médical ou l’alimentaire. Ce discours se heurte à une réalité économique : l'impératif de compétitivité. L'État lui-même, après avoir incité des industriels à fabriquer des masques, ne s'est-il pas approvisionné en Asie ?
Le critère coût reste le principal facteur de décision des grands groupes, notamment dans les filières durement touchées par la crise comme l'aéronautique ou l'automobile. L’acculturation des acheteurs autour du coût d’usage, avec notamment l’intégration du critère de l’environnement dans leur analyse, apparaît comme essentielle.
L'enjeu est la réindustrialisation de la France. Cela passe certes par un environnement fiscal favorable, avec notamment la baisse annoncée des taxes de production, et par le Plan de relance, mais surtout par la capacité à créer de la valeur dans l’Hexagone. Comment ? En produisant mieux, en détectant les nouveaux comportements des utilisateurs et en s’orientant vers des filières d’avenir. La transition écologique offre ainsi de belles opportunités, à condition de ne pas se tromper d’objectif. Illustration par cette réflexion d’un industriel : « Plutôt que de dépenser l’argent pour relocaliser des fabrications de batterie, ne vaut-il pas mieux prendre de l’avance et investir sur les technologies de stockage vertes, sur l’hydrogène ? ».
Reste que la réindustrialisation interroge également le rapport de l'industrie avec son territoire.