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A chacun ses risques ?

Réalisé en partenariat avec Marsh McLennan et Zurich Insurance Group, par le Forum Économique Mondial, le Rapport sur les Risques Globaux 2023 dresse le panorama des risques perçus par ordre d'importance à l'horizon 2025 et 2033, à partir des perceptions de plus de 1 200 experts en risques, responsables politiques et d’entreprises à travers le monde.

Les risques environnementaux comme principale inquiétude

Le retour à une « nouvelle normalité » après la pandémie de COVID-19 a été rapidement perturbé par l'éclatement de la guerre en Ukraine, entraînant une nouvelle série de crises alimentaires et énergétiques.

En ce début d'année 2023, le monde est confronté à un ensemble de risques qui semblent nouveaux et pourtant familiers : inflation, crises du coût de la vie, guerres commerciales, troubles sociaux généralisés, affrontements géopolitiques ou encore spectre de la guerre nucléaire.

Ces phénomènes sont amplifiés par des évolutions relativement nouvelles dans le paysage mondial des risques, notamment des niveaux d'endettement insoutenables, une nouvelle ère de faible croissance et de démondialisation, le développement rapide et incontrôlé des technologies à double usage (civil et militaire), et la pression croissante de la concurrence.

A plus long terme, les risques environnementaux dominent le classement. En effet, le rythme du changement climatique laisse apparaitre qu'il devient compliqué de stabiliser la trajectoire climatique à + 1,5°C des accords de Paris, le scénario le plus optimiste tourne aujourd’hui autour de +1,8°C. Les impacts de ces risques en seront d’autant plus intenses.

Il reste intéressant d’observer que certains risques tels qu’une pandémie ou le risque terroriste, figurant pourtant dans le top de ces dernières années, ont rapidement été relayés à la 20ème et 30ème position.

À noter que la perception des risques diffère suivant les pays. A l’horizon 2025, les répondants français se focalisent sur les menaces d’ordre économique et sociétales, et classent ainsi les 5 premiers risques :

  • crise de la dette ;
  • chocs violents sur le prix des matières 1ères ;
  • inflation ;
  • crise du coût de la vie ;
  • érosion de la cohésion sociale.

Des risques systémiques vers une polycrise ?

Dans un monde de plus en plus incertain, dans lequel les risques sont profondément interconnectés, le risque qu'un événement particulier entraîne par réactions en chaîne des effets négatifs considérables sur l'ensemble du système semble dorénavant inévitable. La lecture systémique des risques devient incontournable.

Ainsi, à mesure que la volatilité des risques économiques, politiques, sociétaux, environnementaux et technologiques s'accroît, le risque de polycrise s'accélère, où ces crises disparates interagissent de telle sorte que l'impact global dépasse largement la somme de chacune d’elles.

 

Retrouvez le rapport complet : https://www3.weforum.org/docs/WEF_Global_Risks_Report_2023.pdf

Chine : consolider son marché intérieur pour mieux rebondir à l’extérieur ?

Seule puissance mondiale à avoir retrouvé le chemin de la croissance en 2020, la Chine se recentre sur son marché intérieur, ce qui pourrait favoriser son développement sur les marchés extérieurs. Elle fait de sa stratégie systémique une force.

Le plan quinquennal chinois 2021-2025 prévoit de recentrer l’économie du pays sur le marché intérieur. Il met l’accent en particulier sur l’approvisionnement alimentaire, l’énergie et les technologies. Cette façon de réduire l'exposition et la vulnérabilité du pays aux chocs extérieurs pourrait, paradoxalement, favoriser son expansion sur les marchés extérieurs.

Concrètement, le plan quinquennal prévoit :

  • d'augmenter le PIB, au niveau des pays développés d’ici à 2035 ;
  • d'accélérer le développement scientifique et technologique, notamment dans le domaine du quantique, et la production industrielle à haute valeur ajoutée en profitant des bas coûts de production ;
  • de limiter les exportations sensibles pour garantir la sécurité nationale ;
  • de moderniser l’armée d’ici à 2027 pour renforcer sa sécurité ;
  • d'atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, en multipliant par 10 les capacités de production d'énergie solaire, et par 7 celles reposant sur l’éolien et le nucléaire. 

Principal atout du pays, l’importance de sa population (1,4 milliard d’habitants) favorise les économies d’échelle et l’exportation. Par exemple, la densité de la population permet au pays de concurrencer les constructeurs étrangers de véhicules électriques à l’export, tout en développant son marché intérieur. La Chine possède ainsi plus de la moitié du parc mondial de véhicules électriques.

Sa stratégie systémique et autoritaire est également un fort avantage pour la Chine. Toujours concernant les véhicules électriques, la Chine peut à la fois répondre à un problème de pollution, se doter d’infrastructures pour faciliter la commercialisation de ses produits et avoir la capacité de production et de contrôle des approvisionnements, ce qui lui permet de dépasser les contraintes réglementaires.

Autre exemple, en 2024, la Chine détiendra une capacité de production solaire de 370 GW en 2024, soit 2,5 fois celle des États-Unis et 15 fois celle de la France*.

*Source : Wood Mackenzie

De la mondialisation à la régionalisation

Le multilatéralisme n'est pas mort, il change de forme sous l'effet du numérique et de la conclusion de nouvelles alliances. A l'heure de la régionalisation des échanges, le délitement de l'Union Européenne pose question.

  • L'équilibre commercial post seconde guerre mondiale est dépassé. Les échanges physiques entre les états de la planète ralentissent, sous le coup de la guerre commerciale, des coûts du transport et des enjeux environnementaux.
  • Les États peinent à protéger ce système commercial face à la montée en puissance exponentielle des échanges numériques qui ne connaissent pas les frontières. Témoins, les GAFAM* et les BATX** contournent les législations protectrices.
  • De nouvelles alliances commerciales recréent une forme de multilatéralisme, mais à l'échelle continentale. Fortement dépendante du commerce extérieur, l'Afrique a mis en place cette année la ZLECA (Zone de Libre Échange Continentale Africaine) qui réunit 22 des 54 pays du continent. Objectif : supprimer les barrières douanières et favoriser la libre circulation des personnes et des capitaux.
  • En Asie, la Chine est à la manœuvre dans la création du RCEP (Partenariat économique intégral régional), une nouvelle zone de libre-échange qui pourrait devenir la plus vaste du monde, avec 15 pays représentant un tiers du PIB mondial et la moitié de la population de la planète mondiale.
  • Ces nouvelles alliances traduisent peut-être la volonté de créer des zones de protection, de maîtrise d’une économie plus régionalisée, pour limiter les effets d’une économie mondiale trop ouverte et trop sensible aux aléas.
  • Les entreprises devront prendre en compte ces nouvelles échelles économiques et leur dynamique propre, notamment l'accompagnement en Asie des fournisseurs de rang 1 qui cherchent à se rapprocher des marchés à fort potentiel, par exemple dans l'aéronautique.
  • Ce dynamisme contraste avec le délitement de l'Union Européenne, le Brexit, la montée des populismes, la difficulté à faire émerger des géants industriels ou l'incapacité à concrétiser une union bancaire.

*Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft.
**Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi.

De nouvelles polarités autour de la Chine (2/3)

 Avec la désoccidentalisation progressive du monde, de nouvelles polarités apparaissent pour trouver des solutions régionales. Nombre d'entre elles tournent autour de la Chine qui joue la carte d'un ordre mondial multipolaire pour contrer l'Occident.

Fédérer autour d'elle les morceaux d'un monde fragmenté contre le bloc occidental* : telle est l'ambition de la Chine. Et ce, au moment où le blocage actuel de la gouvernance mondiale (système de vote à l’unanimité) renforce la pertinence des solutions régionales.

Une alliance capable de défier l'occident

Témoin, le sommet de Samarcande (Ouzbékistan) de l’Organisation de coopération de Shanghaï de septembre 2022 s'est déroulé au moment où débutait à New York la 77ème Assemblée Générale de l’ONU. Une façon de montrer la volonté de marginaliser les structures de gouvernance issues de la Seconde Guerre Mondiale.

14 pays y ont affiché leurs ambitions communes, résumées par l'intervention du président chinois Xi Jinping :« La mentalité de la guerre froide et la politique des blocs ressurgissent. L’unilatéralisme et le protectionnisme remontent. La mondialisation économique fait face à des contre-courants. Les déficits de paix, de développement, de confiance et de gouvernance continuent de se creuser. L’humanité se trouve à la croisée des chemins. [...] Nous devons nous prémunir contre les tentatives de forces extérieures d’orchestrer des “révolutions de couleur”, et nous opposer ensemble à l’ingérence dans les affaires d’autrui sous quelque prétexte que ce soit.»

« Le sommet de Samarcande constitue le berceau d’une alliance capable de défier l’Occident », estiment Isabelle Mandraud et Julien Théron dans l’ouvrage le « Pacte des autocrates ». Créée par la Russie, la Chine et quatre des cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Tadjikistan) afin de stabiliser une région bouleversée par la dislocation de l’Union soviétique, l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS) s'est élargie depuis 2017 à l'Inde, le Pakistan et l'Iran. La Biéolurissie et la Mongolie ont le statut d'observateurs. La Turquie, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan y assistent en qualité d’invités. L'ensemble représente plus de 40 % de la population mondiale, 20 % des ressources du pétrole, 40 % du gaz naturel et du charbon et 30 % de l’uranium.

Depuis peu, d’autres pays semblent intéressés à rejoindre l’organisation à l’image de l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Qatar, Bahreïn, les Maldives, les Émirats Arabes Unis, le Koweït et la Birmanie. 

BRICS : passer à un ordre mondial multipolaire

Autre polarité dans laquelle la Chine est particulièrement active : les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) que rejoindront en 2024 l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis. Malgré leur important poids économique, désormais plus important que celui du G7, et démographique (3,2 milliards de personnes), les pays membres des BRICS ne disposent actuellement que de 15 % des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds Monétaire International (FMI). Le groupe, qui a créé en 2014 sa propre banque de développement et envisage de choisir le yuan chinois comme monnaie d'échanges, réclame depuis quelques années de jouer un rôle plus important dans les organes de gouvernance mondiale et le passage de l’ordre mondial unipolaire instauré en continuité de la guerre froide à un ordre multipolaire.

La Chine, nouveau maître du jeu auMoyen-Orient ?

Le Moyen-Orient apparaît lui aussi comme un « terrain de jeu » favori de la Chine. Pour Jean-Paul Ghoneim, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste des pays du Golfe, « l'installation durable de la Chine dans le paysage diplomatique de la région semble irréversible. Les puissances occidentales, empêtrées dans la guerre en Ukraine et dans leurs problèmes domestiques avec des économies affaiblies, sont incapables de répondre aux besoins et aux aspirations de ces puissances économiques montantes. Les pays de la région anticipent en quelque sorte l’affrontement majeur qui aura lieu entre les États-Unis et la Chine et semblent miser sur une victoire de Pékin. »

De fait, la Chine enregistre un succès diplomatique en parrainant l'accord de de rétablissement des relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, signé à Pékin. Cela permet également de « flatter l'ego » de l'Arabie Saoudite qui cherche à affirmer son statut de puissance régionale, indépendante des contraintes occidentales. La présence de la Russie est également importante, en raison des solides liens économiques et d'intérêts entre Riyad et Moscou au sein de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). La Chine, en tant que principal partenaire économique de l'Iran et important acheteur de pétrole saoudien, soutient ce rapprochement, ce qui place l'Arabie Saoudite dans le camp des alliés de l'axe Pékin-Moscou.

Point de vue

"On observe l’apparition d’une multipolarisation du monde, même si ces ensembles peuvent être poreux. Ce n’est pas qu’un phénomène économique, il y a plusieurs dimensions sur cette volonté de leadership mondial : leadership économique, technologique, culturel... "

Point de vue

" Il y a 20 ans, en Chine, les consommateurs voulaient une voiture étrangère fabriquée à l'étranger. Désormais, ils veulent non seulement une voiture chinoise, mais fabriquée en Chine et par des Chinois. Notre réaction fut de créer une entreprise chinoise en Chine qui viendra concurrencer nos propres produits. Elle ne portera pas notre nom mais un nom chinois afin de toucher plus facilement le marché intérieur du pays."

Et si demain de nouveaux types d’alliances se nouaient dans les environnements numériques : quelle régulation ?

L'émergence de nouveaux espaces numériques s'accélère. De plus en plus le régalien cède la place au commercial, sans que, pour l’instant des systèmes de régulation ne viennent prévenir certaines dérives. Se pose la question de la régulation de ces nouveaux espaces. 

Deux caractéristiques autour de l’émergence d’environnements numériques

La guerre russo-ukrainienne accélère l’émergence d’environnements numériques présentant deux caractéristiques majeures : d'une part, ils constituent des systèmes inédits de relations entre acteurs, potentiellement sources de coopérations comme de conflits ; d'autre part, ils échappent à toute régulation.

Par exemple, la Russie profite des circuits de commerce libellés en cryptomonnaies pour contourner les sanctions économiques. Grâce à cela, « il serait possible de s'isoler complètement des règles internationales classiques pour s'en remettre à un marché noir international. Les cryptomonnaies remettraient ainsi complètement en cause la relation de l'État à la société », explique pour le podcast SismiqueGaël Giraud, économiste. Autre exemple avec des nouveaux collectifs de hackers qui oscillent entre cybercriminalité et cyber résistance.Dans le contexte de guerre russo-ukrainienne s’est développé des réseaux de cyber resistance pour aider l’Ukraine à faire face aux cyberattaques.

« La guerre cognitive »

Quant à l'information, médias et réseaux sociaux pourraient devenir vecteur de « soft war ». On le voit avec le risque pour la réputation des entreprises qui continuent de travailler avec la Russie. Ce que François de Cluzel, responsable de NATO Act Innovation Hub, Université́ de Laval au Québec appelle la « guerre cognitive » : « La guerre cognitive est une menace émergente de la guerre moderne. Elle cherche à modifier ce que les gens pensent et leur façon d’agir, notamment en polarisant l’opinion et en radicalisant les groupes. Elle positionne l’esprit comme un espace de combat. Elle peut inciter les gens à agir d’une manière qui peut perturber ou fragmenter une société ».

Un autre espace pourrait bien bouleverser les écosystèmes numériques. Le métaverse propose des espaces virtuels immersifs dans lesquels il serait possible de travailler, jouer, socialiser, assister à des événements, etc. Des réseaux pourraient se constituer, comme dans le monde réel, proposant de nouvelles relations commerciales, de nouvelles communautés, des groupes politiques, etc. « Pourquoi pas, avec le métaverse, avoir une seconde vie, une seconde activité professionnelle, communiquer, gagner de l'argent ? », s'interroge sur France Info Julien Pillot, économiste et enseignant-chercheur à l’Inseec (Institut des hautes études économiques et commerciales).

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De nouvelles réglementations en lien avec lemétaverse

D’ores et déjà, se pose la question de la régulation de ces futures relations socio-économiques virtuelles. Et si, demain, les avatars étaient dotés de droits et de devoirs, acceptés, par exemple, dans les conditions générales d’utilisation de la plateforme qui édite l’espace virtuel, ainsi que de leur propre régime de responsabilité ?

Cité dans InCyber, Pascal Coillet-Matillon, doctorant en droit à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, estime que « si l’investissement dans le métaverse devient important à l’avenir, il sera nécessaire que chacun des États veille à ce que ce qu’il interdit dans la vie réelle ne soit pas permis dans le métaverse, pour que la cohésion sociale dont il est le garant ne soit pas fragmentée à cause d’une sorte de schizophrénie juridique ».

De nombreux pays réfléchissent à de nouvelles réglementations en lien avec le métaverse. La Chine travaille sur son propre monde virtuel qui combinerait réseaux sociaux, services de streaming et plateformes de jeu vidéo. 

Les géants du net à la conquête des câbles sous-marins et des satellites

Au-delà du métaverse, l’Europe cherche à réguler l’ensemble des acteurs du numérique. Le Digital Services Act, qui entre en vigueur en 2023, définit des règles de responsabilité des fournisseurs de services et leurs obligations de transparence, ainsi que les pratiques illicites et les sanctions encourues en cas de contournement.

Cette régulation est d'autant plus importante au moment où les géants du net tendent à devenir propriétaires des réseaux de câbles sous-marins et des satellites, auparavant propriété des États. Ces moyens de télécommunication, qui relèvent de la dimension régalienne, notamment pour des raisons de sécurité́ nationale, basculent dans le domaine commercial.

Les GAMAM disposent des moyens de financer leurs propres câbles, à l’image du câble Dunant, propriété de Google, qui relie la France aux États-Unis, ou du câble Peacere, appartenant à la société́ Hengtong, qui relie la Chine à Marseille. Cité dans Usbek&Rica, Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange 4 estimait en 2020 que « il y a 10 ans, 5 % des câbles étaient contrôlés par les GAMAM. Aujourd’hui, c’est 50 % et ce sera 95 % d’ici à 3 ans »

Les géants du net partent à la conquête de l’espace à l'image d'Elon Musk et sa constellation Starlink, pour assurer en Ukraine le pilotage des réseaux de drones et une couverture réseau minimum dans les zones coupées du réseau terrestre. « Elon Musk avec Space X est un nouvel acteur des relations internationales au même titre que les États. Pour le gouvernement américain, par le biais des acteurs privés, il s’agit d’une manière d’intervenir sans mobiliser directement l’État », indique Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, sur France Culture.

Autre exemple, le partenariat entre Amazon et Airbus mettra en orbite une partie des 3 236 satellites (future constellation Kuiper) du géant du net, destinés à diffuser l’Internet à haut débit sur toute la planète d’ici à 2030.

Maxime Puteaux, conseiller industrie au sein du cabinet Euroconsul, développait sur France Culture pour La méthode scientifique , « les nouveaux acteurs privés du spatial poussent les États à acheter, non plus des équipements, mais des services, la location d’une antenne par exemple. L’espace s’est au final rapproché du monde de l’information et, ce faisant, il a perdu sa dimension régalienne (programme propriétaire des États) (...) Les intérêts spatiaux sont devenus de plus en plus économiques ».

Point de vue

« Je suis inquiet sur la façon dont le numérique se déploie. Cela va créer des fractures internationales entre ceux qui pourront monter dans le train du digital et les autres. On a créé des monstres qui dominent nos GPAO ( Gestion de la Production Assistée par Ordinateur )  et nos CFAO (Conception et fabrication assistées par ordinateur) . […]Notre logiciel de GPAO a été racheté par un groupe mondial énorme qui nous facture 5 fois plus cher. Ma stratégie consiste à me tourner vers l'open source en embauchant un jeune ingénieur d'une start-up. », un dirigeant industriel 

JLTraineau « L’Europe et la France doivent conserver leur indépendance face à l'hégémonie numérique des États-Unis. Les états doivent aujourd'hui faire face à des individus puissants financièrement (Elon Musk, Jeff Bezos, etc.). C'est tout l'enjeu de la digitalisation des entreprises sans les rendre vulnérables et dépendantes. »

Jean-Luc Traineau, Bibus France

OlivierLeboissier « Avec la privatisation des réseaux à des coûts de plus en plus exorbitants, nous allons revenir à des modèles plus intégrés et contrôlés, afin de maîtriser et protéger nos services en ligne, nos savoir-faire et nos données. »

Olivier Leboissetier, Reality Cad

CyrilleGuilloux " Certains fournisseurs veulent nous imposer de devenir locataire de notre ERP placé dans un cloud, officiellement basé en France, en fait, là où c'est le moins cher. Tout cela bien sûr pour un prix bien différent de l'actuel, en l'occurrence  + 265 %… La vie de mon entreprise va dépendre d'un cloud à l'autre bout du monde et d'une box chinoise. Cela ne fait pas rêver. »

Cyrille Guilloux, Atouts Plastiques

Et si la course mondiale à l’hydrogène modifiait la géopolitique de l’énergie ?

L’hydrogène apparaît comme la principale alternative décarbonée aux énergies fossiles. Les tensions énergétiques pourraient accélérer des programmes prévus sur le long terme et redessiner rapidement les relations géostratégiques selon l’analysede Philippe Copinschi, expert des questions énergétiques internationales et africaines.

 La course mondiale à l'hydrogène s'accélère du côté des grandes puissances bien sûr, mais également d'autres pays qui sont actuellement dépendants des énergies fossiles. L'Australie, le Maroc, le Chili et l'Inde pourraient ainsi devenir exportateurs d'hydrogène vert alors qu'aujourd’hui ils importent du pétrole et/ou du gaz naturel. À l'inverse, certains fournisseurs historiques d'énergie fossile font face à d’importantes difficultés : le Moyen Orient et l’Afrique du Nord souffrent du manque d’eau, la désalinisation de l’eau de mer risquant de renchérir le coût de production. De son côté, la Russie peine à trouver les capitaux et les partenaires indispensables au développement des infrastructures et ce bien avant la guerre russo-ukrainienne. 

67 000 tonnes d’hydrogène par an

Certains pays anticipent ce changement des rapports de force. L'Allemagne joue la carte de la « diplomatie de l’hydrogène », en signant des accords avec l’Inde, le Canada pour devenir un importateur privilégié d’hydrogène vert.

D’autres investissent : les États-Unis s’appuient sur leur parc de 96 centrales nucléaires pour produire de l’hydrogène en grande quantité ce qui leur permettrait d’être les plus compétitifs sur le marché. La Chine a lancé un projet en Mongolie combinant parcs solaires et éoliens, pour produire 67 000 tonnes d’hydrogène par an.L’Arabie Saoudite annonce la construction de la plus grande centrale de production d’hydrogène vert au monde. Elle comprendra 120 électrolyseurs de 40 mètres de long ainsi que des installations solaires et éoliennes ayant une puissance totale de 4 gigawatts.

3 phases de bouleversements géopolitiques

En parallèle, la course à la suprématie technologique est lancée. L’Observatoire de la sécurité des flux et de matières stratégiques de l’IFRI (Institut français des relations internationales) anticipe 3 phases de bouleversements géopolitiques, liées à l’hydrogène vert :

  • à court terme (d’ici 2030), la fabrication d’équipements stratégiques tels que les électrolyseurs et les piles à combustible ;
  • à moyen terme (autour de 2030), la production d’un hydrogène vert concurrentiel avec l’hydrogène bleu (produit à partir de gaz naturel) à l’échelle mondiale, certains pays comme la Chine, l’Inde ou le Brésil étant plus en avance que les autres ;
  • à long terme (après 2030), la relocalisation des industries vers les pays dotés d’un vaste potentiel d’énergies renouvelables. 

Ce calendrier de développement pourrait s’accélérer, si la hausse des prix du gaz rendait moins compétitif l’hydrogène bleu considérée comme plus économique que l’hydrogène vert.

La question du transport devient essentielle

L’Europe mise sur l’hydrogène vert qui pourrait couvrir de 9 à 14 % de ses besoins énergétiques avec l’hydrogène vert en 2050.

La France va engager 9 milliards d’euros d’ici à 2030 pour développer une filière industrielle de production d’hydrogène par électrolyse. Plusieurs gigafactories d’électrolyseurs sont déjà̀ en chantier : John Cockerill à Aspach (Haut-Rhin) en 2022, Genvia (CEA et Schlumberger) à Béziers (Hérault) en 2023, GTT Elogen à Vendôme (Loir-et-Cher) en 2025. En Allemagne, Siemens Energy inaugurera son usine en 2023. Des « vallées de l'hydrogène » vont se déployer en Europe pour interconnecter les différents sites européens.

Outre les enjeux techniques et d’organisation de filières, la question du transport devient essentielle. Des recherches portent sur la transformation de l’hydrogène en gaz, notamment l’ammoniaque, pour le transporter sans avoir recours à des températures très basses et à de fortes pressions. Autre enjeu qui intéresse les mécaniciens : l’adaptation des canalisations fragilisées par le transport sous forme gazeuse avec la nécessité de repenser les vannes et les pompes.

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Si l’hydrogène apparaît toujours comme la principale alternative aux énergies fossiles, la fusion nucléaire, technologie de rupture majeure, mobilise de nouveaux acteurs, tels Google ou Goldman Sachs.

Au point d’être plus rapidement opérationnelle que la solution hydrogène ?

1602854314732« Des recherches portent actuellement sur la transformation de l’hydrogène en gaz. Il s’agirait de combiner l’hydrogène avec du CO2 récupéré́, afin de produire du méthane plus facilement transportable sur les réseaux existants. » 

Bertrand Bello, équipe Veille technologique & stratégique du Cetim.

image-20210318-13-1b4d5ph« Il sera crucial de développer un marché complètement intégré́ et bidirectionnel au niveau de l’UE. L’objectif est d’avoir des flux allant du Sud vers le Nord pendant l'été, lorsque l’Espagne ou l’Italie pourront produire beaucoup d’hydrogène vert à partir d’énergie solaire et l’exporter vers les pays scandinaves par exemple. Puis, il s’agira d’inverser les échanges du Nord vers le Sud pendant l'hiver, lorsque le vent en mer du Nord soufflera plus fort et que les pays riverains pourront exporter des surplus vers les pays de la Méditerranée. »

Philippe Copinschi, enseignant à Paris School of International Affairs, Sciences Po

Et si la sobriété devenait le nouveau dogme économique ? (1/3)

La crise énergétique et la hausse des prix obligent les entreprises à davantage de sobriété qui, de conjoncturelle, tend à devenir structurelle. À l'heure où l'efficacité énergétique montre ses limites, la sobriété semble être la voie pour réduire l'empreinte carbone. Ce qui vient bousculer le mode de développement traditionnel de l'industrie.

La sobriété : une réponse à la crise énergétique actuelle, mais qui devrait s’installer dans la durée.

L’envolé des prix de l’énergie a économiquement imposé une diminution des consommations d’énergie et de faire preuve de sobriété. Certaines entreprises vont plus loin, à l'image d'une entreprise industrielle ayant mis en place un ambassadeur sobriété, un nouveau rôle dans l'entreprise.

« Mon rôle en tant qu'ambassadeur sobriété dans l’entreprise est de faire prendre conscience à toutes les équipes que si demain on n’a pas accès à l’énergie, on ne pourra pas produire du tout ! Il faut encore beaucoup sensibiliser les équipes à cela et former tous les collaborateurs pour les aider à prendre conscience du coût global que représente le fait de chauffer une usine par exemple, et donc également de la manière de chauffer. »

Au-delà des contraintes actuelles qui poussent à diminuer les consommations, les concepts de sobriété font partie de chaque scénario pour arriver à la neutralité carbone en 2050. 

« La crise énergétique actuelle n’est pas conjoncturelle, mais structurelle », affirme Bruno Lemaire, ministre de l'Économie. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, précise que « La sobriété, c’est la première marche sur la trajectoire de réduction de 40 % de nos consommations d’énergie ». En 2022, plusieurs organisations telles que RTE, l’Ademe, l’association Negawatt ou encore le Shift Project, ont proposé des scénarios prospectifs qui permettent d’atteindre l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050. Ils prennent en compte toutes les énergies et les matières premières nécessaires à la transition écologique et démontrent la nécessité de sobriété dans les modes de production et de consommation.

La quête de « moins » tout en recherchant du « mieux »

Reste à savoir ce que l'on entend par sobriété. Ce terme regroupe des réalités multiples à travers des démarches de frugalité, simplicité, zéro gaspillage, efficacité, sobriété énergétique, ou encore de déconsommation.

Point commun des diverses approches, la quête de « moins », la modération dans la production et la consommation de biens et de services nécessitant des ressources énergétiques ou matérielles, tout en recherchant un « mieux », notamment une augmentation de la qualité de vie et du bien-être.

L’Ademe a réalisé un panorama de l’ensemble des notions qui peuvent être rattachées à celle de la sobriété. A différentes échelles (du micro au macro), elles s’articulent autour d’un continuum entre une approche institutionnelle fondée sur l’efficacité et la durabilité de la consommation, et des propositions citoyennes de nouveaux modèles fondés sur la justice environnementale et la transformation profonde des modes de vie.

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Source : Panorama sur la notion de sobriété – définitions, mises en œuvre, enjeux (rapport final) - ADEME

 

« Il faut pousser la sobriété »

Dans son exercice prospectif « Transitions 2050 », l'Ademe constate que les efforts d’efficacité énergétique entraînent dès à présent des effets rebonds qui se caractérisent par le fait que les consommations ne baissent pas systématiquement et que l’impact environnemental n’est que très relatif. C'est le paradoxe de l'efficacité énergétique.

Par exemple, dans le secteur du bâtiment, et notamment dans le domaine de l’isolation, les efforts d’efficacité énergétique sont contrebalancés par l’augmentation du nombre de mètres-carré par personne due notamment aux évolutions démographiques et sociétales avec la multiplication des foyers monoparentaux.

Autre exemple, dans le secteur automobile, l’efficacité des moteurs est contrebalancée par l’augmentation du poids des véhicules et donc la hausse des ressources matières (les véhicules doivent mieux résister aux chocs). Par ailleurs, ces véhicules sont plus efficaces mais le nombre de kilomètres parcourus est en moyenne plus important. L’électrification de l’automobile implique également le besoin d’une plus grande diversité de matières premières. Ce qu'une chargée de prospective de l'Ademe résume par : « Jusqu’ici on a investi beaucoup dans l’efficacité mais on voit bien que l’efficacité ne porte pas ses fruits en termes de réduction d’empreinte carbone. Il faut pousser la sobriété. »

« La sobriété et l’efficacité ce n’est pas la même chose, insiste Anaïs Voy Gilis, associée June Partners, experte sur les questions de réindustrialisation. Dans sobriété il y a l’idée de faire moins, de consommer moins : elle sous-entend une moindre consommation et principalement une baisse des volumes produits. Cela vient bousculer le modèle fondamental de l’industrie qui était d’essayer de massifier la production pour faire baisser les coûts unitaires. »

Point de vue

« La sobriété est une utopie ! Nous la regardons avec le prisme occidental, soit 1/3 de la planète. 2/3 de la planète revendique le droit d’arriver à notre niveau de consommation en utilisant les règles que nous avons utilisées pendant 200 ans et qui nous ont permis d’en être là où on est aujourd’hui. Ils ne veulent pas se voir imposer des règles strictes qui les empêcheraient d’avancer aussi vite que nous. Toutes ces réglementations européennes qui arrivent ont un rôle principal de protéger nos frontières économiques contre les pays émergents qui vont commencer à produire massivement en utilisant nos anciennes technologies. » Un dirigeant industriel

Point de vue

« Le mot "sobriété" était il y a seulement quelques mois uniquement l'apanage de certains analystes (Bihouix, Jancovici, Meilhan...). Il est aujourd’hui repris par les politiques et les médias quasiment comme un nouveau dogme. » Un dirigeant industriel

« La question de la sobriété se pose avant tout sur la demande. Quand je demande un délai de deux semaines à mon fournisseur, est-ce que je ne peux pas attendre trois semaines ? Ce qui permettrait sûrement de créer de la valeur à toutes les étapes par moins de contraintes, de déperdition, de gâchis, de non-conformité, etc. Cela nécessite beaucoup plus de transparence et de partenariat dans l'ensemble de la chaîne. La vraie réserve de sobriété réside dans notre capacité à être plus honnête sur notre demande. »

Chris Davesne, La Mécanique Charentaise

Industrie manufacturière : quels besoins en électricité à l'horizon 2050 ?

Entre + 35 % et + 235 % selon les différents scenarii de réindustrialisation : telles sont les augmentations de consommation d'énergie de l'industrie manufacturière estimées d’ici 2050 par l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden), sur la base d’une hypothétique réindustrialisation de la France. Principaux secteurs consommateurs : la chimie organique de base, la sidérurgie et les industries agroalimentaires.

Ces niveaux de consommation pourraient conduire à des rationnements ou des délestages, à l’instar de la province du Liaoning en Chine qui a étendu les coupures de courant des industriels au réseaux résidentiels.

Seule solution pour sortir du cercle vicieux de l'approvisionnement et des prix de l'énergie, selon les experts : baisser la consommation de l'industrie et de l'agriculture sur le long terme, plutôt que de pallier les hausses pour les ménages par des mesures tampons.

Difficile pour les industriels de se positionner dans un environnement si mouvant. Un groupe de travail vient d’être créé́ avec les principaux fournisseurs (EDF, Engie, etc.), afin de mettre en place de nouveaux contrats long terme, à des conditions prévisibles et compétitives, pour leurs approvisionnements en gaz et en électricité́ décarbonée.

Le salut pourrait passer par des innovations énergétiques. Entre le système de  pile à combustible à base de papier et d'enzyme, les solutions à partir de la catalyse pour réduire l’énergie consommée en production, ou le voilier-usine autonome pour produire de l’hydrogène au large, les chercheurs ne manquent pas d'idées innovantes.

lefebure_eloft« Le coût de l'électricité constitue un axe stratégique sur la conception de nos logements modulaires à ossature bois. On va tendre vers la maison autonome, parce que les industriels qui consomment beaucoup d'énergie vont devenir prioritaires sur l’accès à l’énergie. »

Edouard Lefébure E-loft

Photo Guillaume Ferre HD« Pour la construction de notre nouvel atelier, les énergies renouvelables sont devenues un sujet prioritaire, depuis que nous avons subi une hausse de 40 % des prix de l'énergie. Nous envisageons désormais un bâtiment permettant une partie de l’approvisionnement d’électricité à base de photovoltaïque, d'éolien ou de biogaz. »

Guillaume Ferre, GF Palette

JOEL Varescon« La hausse brutale des prix de l'énergie a une incidence directe sur notre rentabilité. Elle nous oblige à augmenter nos prix de 7,5 % et nous conduit à repenser nos process de séchage de pièces et de peinture poudre avec des énergies renouvelables. Le retour sur investissement devient plus intéressant. Cela nous permettrait de réduire notre facture énergétique, tout en limitant nos émissions de CO2. »

Joël Varescon, Optitec

L'Asie, 1ere zone de libre échange au monde

Huit ans de négociation ont abouti, le 15 novembre 2020, à la signature du Partenariat Régional Économique Global (RCEP*), une zone de libre échange qui rassemble 15 pays asiatiques**. Cet accord commercial, le plus important au monde, couvre deux milliards d’habitants et représente 30 % du PIB mondial.

La Chine est bien sûr à la manœuvre. L’accord lui permet de développer ses routes de la soie. Le pays s’intéresse également à la Russie et participe aux gigantesques projets en Sibérie orientale, à l’image de l'usine pétrochimique de Sibur, le numéro un russe de la pétrochimie, auquel est associé Sinopec, le géant chinois de l'énergie. Huit à neuf milliards d’euros ont été investis dans ce complexe qui répond à la demande chinoise croissante en polymères (+ 6% / an).

Autre exemple, les 3 000 km du gazoduc sino-russe qui connectera les gisements de Sibérie orientale à la frontière chinoise. Gazprom estime le coût à 45 milliards d’euros, pour une capacité en 2022-2023 de 38 milliards de m3/an, soit 9,5 % du gaz consommé en Chine.

Mais l’hégémonie territoriale chinoise inquiète et pourrait se heurter à la montée d’une nouvelle puissance internationale : la zone indopacifique qui « devient la clé de la configuration de l’ordre international au XXIe siècle », selon un document stratégique de l’Allemagne. Chaque année, les porte-conteneurs qui la traverse transportent l’équivalent de 5 000 milliards de marchandises. Elle renferme également d’importants gisements pétroliers et gaziers. Une défense indopacifique se structure pour faire face à la Chine, à laquelle s’allient les États-Unis, l'Inde, l'Australie et le Japon.

* Regional Comprehensive Economic Partnership)

**L’accord rassemble les dix pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud Est) : Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam. Auxquels s’ajoutent 5 pays : Australie, Chine, Japon, Corée du Sud, Nouvelle Zélande.

La crise énergétique est-elle un frein à la réindustrialisation de la France ?

La crise énergétique fragilise les entreprises et provoque une délocalisation de certaines activités vers des pays à bas coût. Jusqu'à stopper l'élan de réindustrialisation que connaît la France ?

« Il est difficile d’imaginer un apaisement des problèmes énergétiques tant que le conflit en Ukraine perdurera. » Pour Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), les tensions sur l'énergie devraient durer tant que le conflit russo-ukrainien n'est pas résolu, avec des risques sérieux de pénurie sur le gaz et l’électricité en 2024. Qui dit pénurie, dit augmentation des prix.

Principale alternative au gaz russe, le GNL (Gaz naturel liquéfié) qui place les États-Unis et le Qatar en position de force. La reprise chinoise, suite à la fin de la politique Zéro Covid chinoise, va entraîner une tension sur ce marché très concurrentiel du GNL. Pour Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE, « du fait du parc nucléaire et de l’envol des prix du gaz, le prix de gros de l’électricité est passé de 50-70 euros/MWh en 2021 à 300 euros en 2022.  Une envolée due en partie à la spéculation. […] On a l’impression que le marché a basculé dans l’idée que seul un scénario extrême s’est imposé, alors même que le niveau de risque ne permet pas de justifier des prix aussi élevés ».

Trésorerie : le sujet clé des prochains mois

Les prix de l'énergie vont se répercuter sur d'autres coûts à tel point qu'Anaïs Voy-Gillis, docteure en géographie et spécialiste des questions de réindustrialisation, « s’attend à une 2ème vague en 2023 car le coût de l’énergie va impacter les matières premières, en particulier les métaux comme l’acier, dont le prix est intimement lié à celui de l’énergie. »

Résultat : l'élan de relocalisation voulu par la France, et l’Europe en général, pourrait être freiné par la hausse des coûts de production et les problèmes de trésorerie des entreprises. Ces derniers deviendraient le sujet clé des prochains mois, accentués par le démarrage des remboursements des PGE. « Des chefs d’entreprise se laissent griser par leurs carnets de commandes bien remplis et en viennent à manquer de cash pour faire face à la hausse des coûts ou aux retards de paiement de leurs clients », indique Denis Bossé, spécialiste de recouvrement de créances.

En outre, la hausse des taux d'intérêt pourrait ralentir les investissements, du moins prioriser des décisions vers l'efficacité énergétique, par exemple, pour réduire la facture, quitte à ne plus augmenter les moyens de production comme cela était prévu.

L'accès et le coût de l'énergie deviennent des critères de délocalisation

Par ailleurs, l'accès et le coût de l'énergie deviennent des critères de délocalisation, au même titre que le coût de la main d'œuvre ou le niveau des taxes. Le chimiste allemand BASF a arrêté sa production d’ammoniac en Allemagne, préférant la Belgique et les Etats-Unis qui lui offrent des prix du gaz bien inférieurs.

Solvay vient également d'annoncer de nouveaux investissements aux Etats-Unis : 200 millions de dollars supplémentaires dans son usine de carbonate de soude dans le Wyoming ainsi que l'ouverture du plus grand site de production d'Amérique du Nord de polyfluorure de vinylidène, un composant utilisé dans les batteries des voitures électriques. De son côté, Stellantis envisage de produire en Inde des véhicules électriques abordables.

Parmi les pays qui tirent leur épingle du jeu de la réindustrialisation, les États-Unis bénéficient d'une énergie à moindre coût. Ils ont pris des mesures protectionnistes avec l’« Inflation Reduction Act ». Ce dernier prévoit notamment des crédits d’impôts pour les entreprises sur les investissements et la production dans le véhicule électrique, dans l'éolien, le solaire, la séquestration du carbone, l'hydrogène vert, les biocarburants, les batteries et autres technologies vertes. Il instaure également une préférence et une incitation financière à l’achat des produits fabriqués sur le sol américain.

« On risque d’avoir les effets inverses que ceux escomptés en matière environnementale »

À l'inverse, l'Europe a pris des mesures qui pourraient entraîner des délocalisations : le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), dans le cadre du « Green Deal » (le paquet de législations favorisant la transition écologique). Il impose aux importateurs de matières premières (notamment de l’acier, de l’aluminium, mais aussi des engrais, de l’électricité, du ciment, etc.) fortement émettrices de CO² de devoir payer une taxe carbone à l’entrée de l’UE. Ce qui pourrait créer des coûts supplémentaires pour les PME industrielles, liés à l’importation de produits fabriqués dans des pays qui ne sont pas soumis à des réglementations environnementales similaires. Cette perte de compétitivité risque de provoquer des transferts d'activité sur les autres continents. Un dirigeant industriel estime que « non seulement les pays hors UE ne paieront pas cette taxeet continueront donc à produire avec des matières premières moins chères, mais les produits en aval de la chaîne de valeur (produits semi-finis et manufacturés) exportés vers l’Europe ne seront pas taxés. Produits ailleurs, ils seront moins chers que ceuxfabriqués en Europe, ce qui induit un autre biais de compétitivité entre industriels européens. Et, étant donné que les produits fabriqués ailleurs sont plutôt faits avec des aciers moins respectueux de l’environnement, on risque d’avoir les effets inverses que ceux escomptés en matière environnementale ». 

« Produire oui, mais avec qui ? »

Que pensent les industriels de la relocalisation de l'industrie en France ? Certains la considèrent comme inévitable, à l'instar d'Henri Courtois, d'Algue Service : « Je pense que l'on n'aura pas d'autre choix que de relocaliser nos approvisionnements. C'est là que le réseau prend toute son importance. Nous passons d'un monde d'abondance à un monde de pénurie. Il faut changer en profondeur notre façon de faire ».

Alain Leroy, ancien président de Neopolia, s'interroge sur les intentions des jeunes générations qui seront bientôt aux commandes des entreprises : « On parle un peu comme des vieux« sachants » mais la génération actuelle des 30 ans ne voit pas du tout les choses de la même façon. Ils ont une façon d'appréhender la vie et les produits de manière complètement différente. Je suis convaincu qu'un mouvement de fond se met en place, car ces gens-là vont grandir et entrer dans les cercles de management et de décision.Les produits d'aujourd'hui ne seront sûrement pas ceux de demain. Ceci laisse la place à un possible développement de l'industrialisation et de la réindustrialisation sur nos territoires. La génération qui vamanager est certes un peu plus égocentrée mais aussi plus attentionnée sur son territoire et le circuit court associé. »

Reste la question soulevée de la pénurie de main-d'œuvre. « Relocaliser en Europe un produit qui est déjà fabriqué en Asie pour le rapatrier en Europe, cela n'a aucun sens. En revanche, penser un nouveau produit fabriqué localement, j'y crois vraiment, parce qu'aujourd'hui nos clients le demandent. C'est un long chemin. Cela passe aussi par la formation et par le regain d'intérêt pour l'industrie », indique Eric Yvain, Saunier Duval. Son collègue Nicolas Martin d'UMA est moins optimiste : « J’étais assez optimiste avant la crise énergétique que l’on connaît mais moins aujourd’hui. Il y a surtout un point qu’on minimise beaucoup si on devait réindustrialiser c’est la main d’œuvre. Produire oui ! Mais avec qui ? ».

« Il y aura une relocalisation naturelle par la mise en place des logiques de recyclage. L'essentiel du verre est déjà recyclé, comme l'acier. Malheureusement, à peine 50% du plastique est traité. Je pense que les crises témoignent de la fin d'un vieux monde qui va basculer dans autre chose. Cela crée beaucoup d'opportunités. À nous d'être ouverts et de les saisir, car il n'y en aura pas pour tout le monde. »

Christophe Bernad, Neos 

 

 

 

 

 

 

« Pour nos pompes, on met un couvercle en aluminium, que l'on achète en Chine. Avec les risques géopolitiques, on se pose la question de relocaliser notre fournisseur en Europe ou idéalement en France. On a même demandé au marketing de voir si nos clients étaient prêts à payer un euro de plus pour garantir les approvisionnements. La réponse n'est pas non. »

Laurent Chevalier, Suntec Industries

« Je ne pense pas que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et la vision encore péjorative des métiers permettront une réindustrialisation dans les délais requis. Et l'immigration ne pourra résoudre cela davantage, à elle seule.

On a un problème d’artificialisation des sols. C’est une réalité foncière. Implanter des usines où ?  Donc, réindustrialiser oui, mais à quel prix, pour fabriquer quoi et à quelle destination ? D’ailleurs, peut-être que l’on va vers la simplification-rebasification de produits ? Si on ne sait pas faire de microprocesseurs, est-ce que l’on ne va pas inventer des produits qui en contiendront moins ? »

Vincent BouthorsKaeser Compresseurs

« Les échanges mondialisés ont permis de lisser les différences entre les pays sur le coût du travail qui intègre d’ailleurs d’autres dimensions que le salaire. Il y a énormément d’opportunités à saisir. Nous avons en France des industries avec de belles histoires industrielles qui dégagent de l’EBIT* en France, des ingénieurs, des savoir-faire et il n’y a aucune raison pour que l’on ne réussisse pas là où les autres pays ont des succès.Un groupe allemand a d’ailleurs plus de mal à accepter l’incertitude qu’une entreprise française. C’est une force, on travaille en écosystème et on n’a peur de rien. »

* Bénéfice avant intérêts et impôts

Richard Brunet, Bosch Rexroth 

La décarbonation comme source de financement

Le secteur financier opère un changement notable dans sa façon d'aborder le financement des entreprises, en mettant l'accent sur les stratégies de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et la décarbonation. De nouvelles approches émergent pour favoriser une transition vers une économie bas carbone. Parmi ces approches, l'insetting, qui consiste à compenser l'empreinte carbone au sein même de la chaîne de valeur de l'entreprise, gagne en popularité. Egalement, un nouvel indicateur, le « dividende climat », émerge pour évaluer la contribution positive des entreprises à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour la valorisation des investissements dans la décarbonation.

Des accès au financement facilités par la transition

Les banques scrutent de plus en plus les stratégies RSE des entreprises dans leur manière d'aborder les financements. En effet, tout en continuant à bien financer les projets de décarbonation, il est possible d'observer une véritable tendance des banques à mieux suivre et accompagner les entreprises dans leurs transitions écologiques et énergétiques. A contrario, elles semblent prendre quelques distances avec certaines activités, à l’instar des projets liés aux secteurs de l’oil & gas et de la chimie.

« Il existe une réelle prise de conscience des industriels sur la décarbonation de l’outil de production, constate un dirigeant industriel. D’abord parce qu’on est financé pour le faire, ensuite parce qu’on trouve aujourd’hui des solutions de décarbonation ou d’autonomie énergétique avec des retours sur investissements assez rapides. » Un de ses confrères ajoute : « Si un dirigeant n’arrive pas se faire financer un projet, c’est qu’il ne met pas les bonnes valeurs en avant »

« Insetting » : intégrer le crédit carbone dans sa propre chaine de valeur

L'effervescence entourant le marché mondial du carbone, évalué en milliards de dollars, semble s'estomper progressivement à mesure que les révélations et les enquêtes, notamment sur le projet Kariba, minent la crédibilité de l'instrument de prédilection utilisé par le monde des affaires pour atténuer les émissions de carbone. Les compensations carbones, qui promettent aux entreprises et aux individus la possibilité de contrebalancer leur empreinte carbone en finançant des initiatives visant à prévenir les émissions de gaz à effet de serre ou à éliminer le dioxyde de carbone de l'atmosphère, sont plus que jamais remises en question. Dans un rapport récemment publié, le cabinet de conseil Carbon Direct a mis en lumière une forte diminution de la demande de compensations carbone dans divers secteurs.

Au-delà du manque d’impact crédible, la compensation carbone est également perçue aujourd’hui comme une sorte « d’écoblanchiment », de « finance greenwashée ». Ces préoccupations ont ainsi incité plusieurs grandes entreprises, dont Shell, Nestlé, EasyJet et Fortescue Metals Group, à abandonner leurs engagements en matière de compensation carbone et de neutralité carbone qui reposaient en grande partie sur ces mécanismes.

"Nous nous éloignons des investissements dans les compensations carbones afin d'investir dans des programmes et pratiques qui aident à réduire les émissions de gaz à effets de serre dans notre propre chaîne d'approvisionnement et dans nos activités" déclarait récemment un porte-parole du groupe Nestlé à l’AFP.

Ainsi, les industriels commencent à utiliser l’insetting, qui vise à compenser son empreinte carbone dans sa propre chaîne de valeur, à l’inverse de l’approche classique (offsetting) dont la compensation s’effectue hors de la sphère d’influence de l’entreprise.

« Pour les entreprises suivant une stratégie net zéro, l'achat de crédits carbone sera nécessaire, ce qui peut être avantageux pour elles si ces crédits carbones financent leurs chaines de valeur. En effet, le crédit carbone peut être lié à leur activité et leur chaîne de valeur. Leur financement profitera par exemple à décarboner leurs sous-traitants ou fournisseurs, dans le but de décarbonner son propre scope 3. L'approche locale est également intéressante, car elle permet de mettre en valeur la chaîne de valeur de l'entreprise. »explique Grégoire Guirauden, co-fondateur de Riverse, la première plateforme qui mesure, vérifie et monétise le carbone pour les projets d’économie circulaire en Europe.

L’insetting permet ainsi de réduire significativement l’empreinte carbone au cœur du processus de création de valeur. Ce qui favorise la transformation des modèles économiques et la performance des filières et des procédés de fabrication. « Le Crédit carbone volontaire est un levier pour atteindre une stratégie bas carbone et pour financer la transition, l’innovation, et basculer vers un modèle d’économie circulaire », insiste le fondateur de Riverse.

Autre conséquence : l’objectif est de permettre aux solutions green tech et à l’économie circulaire de bénéficier du financement du crédit carbone. En plus de revendre ses crédits carbones, un industriel qui développe un projet bas carbone pourra bénéficier d’un financement pour certaines activités telles que le développement de nouveaux matériaux, la mise en place d’un centre de recyclage ou de reconditionnement ou encore la captation et le stockage de CO2.

« Dividende climat » : un nouvel indicateur pour valoriser les investissements sur la décarbonation

L'initiative du « dividende climat » constitue une approche novatrice visant à évaluer la contribution positive des entreprises à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Contrairement à une focalisation traditionnelle sur l'empreinte carbone négative des entreprises, cet indicateur extrafinancier met en lumière les émissions évitées ou séquestrées grâce à leurs activités. Par exemple, une entreprise qui propose des pompes à chaleur en remplacement des cuves à fuel contribue activement à l'objectif de neutralité carbone. De même, celles qui favorisent le recyclage et la réutilisation de matériaux participent à la réduction des émissions en évitant la production de matières premières vierges.

Le concept des « dividendes climat » permet à ces entreprises de mesurer leur impact positif et de récompenser leurs actionnaires en fonction des émissions de CO2 équivalent évitées ou retirées de l'atmosphère. Il s'agit donc d'une démarche doublement bénéfique, favorisant à la fois la transition vers une économie à faible émission de carbone et la valorisation des investissements.

Du point de vue des investisseurs, les dividendes climat offrent une méthode standardisée et comparable pour évaluer la contribution d'un portefeuille à la neutralité carbone globale. De plus, ils peuvent renforcer la valeur financière d'une action en reflétant non seulement sa performance économique, mais aussi son impact positif sur le climat. Le "dividende climat" a vocation à devenir dans les années qui viennent un standard international, au même titre que le crédit carbone.

La géopolitique a-t-elle un impact direct sur la stratégie de l'entreprise ?

Pour certains, les soubresauts géopolitiques ne font que confirmer leur stratégie qui vise à sortir de différentes formes de dépendance. Pour d'autres, ils modifient leur approche des marchés, notamment à l'international.

La guerre russo-ukrainienne semble accélérer les mutations en cours dans les relations internationales : alliances à géométries variables nouées au gré des intérêts du côté de l'Asie, montée en puissance de l'Afrique, importance de la question énergétique qui pourrait rebattre les cartes géopolitiques, changement dans les environnements numériques, avec le développement du metavers et de la cryptomonnaie, etc. Ces évolutions ont-elles un impact sur la stratégie de l'entreprise ?

 Un impact sur les marchés de l'international proche

De fait, la crise de l'approvisionnement en matière premières, en composants et en compétences pourrait dessiner de nouvelles formes d’organisations, plus flexibles. Plus directement, la guerre sur le sol européen a un impact sur les marchés de l’international proche. Par exemple, certains industriels renoncent à s'implanter en Ukraine, voire dans les pays avoisinants. Les risques géopolitiques et les conséquences économiques du conflit russo-ukrainien s’élargissent à l’Europe de l’Est. « Les organisations réfléchissent aujourd'hui aux effets de bords qui pourraient survenir dans les pays limitrophes de l'Ukraine, comme la Pologne, la Roumanie et la Hongrie », illustre François Beaume, vice-président Risks and Insurance.

L'heure est à l'anticipation

Les dirigeants industriels sont conduits à s'interroger davantage sur les effets des risques à l’étranger sur leur stratégie de développement. « La géopolitique et les conflits mondiaux n’étaient pas forcément des données que nos commerciaux prenaient en compte pour cibler un marché à l’étranger. Désormais, nous allons beaucoup plus consulter les acteurs à l’étranger, tels que les ambassades, qui pourront nous donner des indications sur la stabilité du pays », souligne un dirigeant industriel.

 Le rapprochement de la Chine et de la Russie est une hypothèse envisagée par des dirigeants industriels basés à l’international. Cette perspective remet en question leur posture vis-à-vis de l’Asie, à la fois synonyme d’opportunités d’exportations et potentielle zone à risques géopolitiques. Devront-ils, du jour au lendemain, rapatrier leurs activités ?

« Il y a un risque vis-à-vis de la Chine que je ne voyais pas auparavant, souligne un dirigeant industriel. La menace d’un rapprochement entre la Chine et la Russie est plausible et j’anticipe le fait que, demain, l’Europe puisse nous demander de quitter la Chine pour protéger notre souveraineté. »

Pour autant nombre d'industriels ne voient pas dans ces évolutions géopolitiques matière à changer réellement de stratégie. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu'elles ne font que confirmer leur politique. C'est le cas de ceux qui ont engagé des politiques de diversification des marchés et des sources d'approvisionnement, pour sortir d'un état de dépendance. C'est aussi le cas d'autres industriels qui, depuis quelques années, réfléchissent à de nouveaux modèles de développement fondés sur l'économie d'usage.

BettyBoland« Comment raisonner autrement qu'en augmentation du chiffre d'affaires et se repositionner sur tout ce qui est économie de la valeur et de la fonctionnalité ? Comment prendre de la hauteur, changer de prisme et travailler sur l'usage et la valeur des choses ? »

Betty Boland, Kaecia Kuhnke 

Dominique Murzeau« Avant, nous pensions mondialisation, sans nous préoccuper des destinations. Aujourd'hui, nous nous posons davantage la question de la localisation. Faut-il être implanté partout pour être sûr d'avoir un futur, quels que soient les événements géopolitiques ? Cela change notre perception de la mondialisation. »

Dominique Murzeau, Colart

« La cryptomonnaie, qui reste tabou dans l'industrie, et le metaverse auront un impact sur ma stratégie dans un avenir proche. Mieux vaut s’y mettre dès maintenant. Le metaverse peut notamment procurer des outils de recrutement performants. C’est un sujet dont on discute déjà dans mon entreprise même si le cadre juridique est encore un peu flou ».

Faride Guerras, G-FIM 

La puissance systémique de la Chine : découvrez un nouveau signal

Vidéo:

La Chine adopte une nouvelle posture et affirme sa puissance au regard de sa stratégie systémique . Nous vous proposons de découvrir via cette vidéo ce nouveau signal présenté par Anaïs VOY-GILLIS, docteure en géographie à l'Institut Français de Géopolitique et consultante chez June Partners.

 

La relocalisation a-t-elle un sens économique ?

Vidéo:

« Une hirondelle ne fait pas le printemps ». Ce n’est pas parce que les industriels français se sont mobilisés pour produire des masques ou des respirateurs que la relocalisation est en marche. 

Pour autant la question est posée en ce terme, portée par un discours politique volontariste sur la souveraineté du pays notamment dans des secteurs vitaux tels que le médical ou l’alimentaire. Ce discours se heurte à une réalité économique : l'impératif de compétitivité. L'État lui-même, après avoir incité des industriels à fabriquer des masques, ne s'est-il pas approvisionné en Asie ? 

Le critère coût reste le principal facteur de décision des grands groupes, notamment dans les filières durement touchées par la crise comme l'aéronautique ou l'automobile. L’acculturation des acheteurs autour du coût d’usage, avec notamment l’intégration du critère de l’environnement dans leur analyse, apparaît comme essentielle. 

L'enjeu est la réindustrialisation de la France. Cela passe certes par un environnement fiscal favorable, avec notamment la baisse annoncée des taxes de production, et par le Plan de relance, mais surtout par la capacité à créer de la valeur dans l’Hexagone. Comment ? En produisant mieux, en détectant les nouveaux comportements des utilisateurs et en s’orientant vers des filières d’avenir. La transition écologique offre ainsi de belles opportunités, à condition de ne pas se tromper d’objectif. Illustration par cette réflexion d’un industriel : « Plutôt que de dépenser l’argent pour relocaliser des fabrications de batterie, ne vaut-il pas mieux prendre de l’avance et investir sur les technologies de stockage vertes, sur l’hydrogène ? ».

Reste que la réindustrialisation interroge également le rapport de l'industrie avec son territoire.

anonyme« Je crois résolument que l'on peut relocaliser des activités industrielles en France, à condition de développer la bonne valeur ajoutée dans l'Hexagone. Pour cela, il ne faut pas uniquement compter sur les grands donneurs d’ordre, mais miser sur l'intelligence des réseaux, la constitution d'alliances et la création de valeurs collectives. »

Grégory Challamel

Bosch Automotive

anonyme« Depuis le mois de mars, il a fallu naviguer et prendre les bonnes décisions au bon moment. Je ne crois pas à une relocalisation accompagnée d'une hausse des coûts. Pour s'en sortir, il faut être visible de ses clients et proposer des solutions complètes, ce qui nécessite parfois de se regrouper à plusieurs PME. Je suis confiant dans l’avenir. Comme toutes les tempêtes, celle qui s'annonce est aussi porteuse de belles opportunités. »

Didier Jéhanno

Aegis Plating

La sobriété comme levier de transformation (2/3)

Efficacité énergétique, Éco-conception, recyclage, innovation frugale, mutualisation des ressources, nouveaux matériaux, économie circulaire, ingénierie low-tech, économie de la fonctionnalité, circuit court industriel... Autant de pistes pour un développement d’une entreprise plus sobre.

Une entreprise industrielle spécialisée dans les machines de désinfection cherche à intégrer la sobriété sous l’angle productif mais aussi organisationnel. Son objectif : internaliser un maximum de compétences et de sujets pour monter en valeur et vendre moins de produits. Suite à une formation sur l'empreinte carbone, l'environnement et l'eau, de nouveaux secteurs d’activités s’ouvrent à elle. Elle va ainsi proposer des solutions adaptées aux secteurs de l’aquaponie (système de production alimentaire durable qui unit la culture de plante et l'élevage de poissons) et de l’aquaculture. Ces solutions sont proposées en intégrant les contraintes futures concernant les ressources énergétiques et alimentaires.

Dans un tout autre domaine, Renault a créé une entité dédiée à l’économie circulaire, qui permettra d'augmenter la part des matériaux recyclés dans un véhicule neuf de 20 % aujourd'hui à 33 % en 2030.

Le concept de sobriété peut s’appliquer à tous les secteurs de l'entreprise

Ces deux exemples traduisent les opportunités de marché créées par la recherche de sobriété. Les marchés ne sont pas seuls concernés, car le concept de sobriété peut s’appliquer à tous les secteurs de l'entreprise.

En production, « la sobriété dans l’industrie ne se limite pas à la réduction de la consommation énergétique. Cela peut impliquer beaucoup de transformation de modèles : ne pas surdimensionner l’outil industriel, travailler la mutualisation des équipements, travailler sur les process et les usages, développer l’économie du partage et de la fonctionnalité, etc. », explique Anaïs Voy Gillis, associée June Partners, docteur en géographie experte sur les questions de réindustrialisation.

L’intégration de réflexion autour de la sobriété pousse à repenser l’organisation de la production notamment. Des réflexions sont en cours dans des PME industrielles autour de la semaine de 4 jours à l'image de ce dirigeant industriel : « La sobriété va nous amener à moins produire donc mécaniquement avoir moins d’heures de travail en production. Nous sommes transparents vis-à-vis de nos collaborateurs et de nos clients. Nos salariés nous réclament actuellement de passer à la semaine des 4 jours mais nous sommes bloqués par la réglementation du travail. Nous cherchons actuellement des solutions pour tendre par exemple vers des semaines de 32 heures avec des heures supplémentaires. Cela permettra à nos collaborateurs de s’engager sur d’autres métiers en parallèle de leur activité́ dans l’entreprise, dans une association. Aujourd’hui nous sommes bloqués par la réglementation ».

En matière de conception et d'innovation, c’est au moment du design du produit que coexistent toutes les contraintes (énergies, ressources, process...). Oliver LLuansi, associé PwC, spécialiste des questions industrielles, conseille donc aux PMI « de reprendre leur offre et de s’interroger sur comment je peux la redésigner face aux contraintes. Il faut à la fois prendre la contrainte énergie au moment de la production mais aussi celle de l’usage et de la fin de vie : il ne faut pas oublier l’analyse du cycle de vie. La consommation d’énergie à la production d’un produit n’est que 20 % de la consommation totale, donc il faut tenir compte des 80 % restants. Il s’agit de reconfigurer son offre puis son outil productif à partir du produit et pas simplement redesigner l’outil de production en lui faisant baisser sa consommation d’énergie. Cela implique de créer ou faire appel à un bureau d’étude et d’effectuer du design collectif (rassemblant un spécialiste de l’énergie, des process, de la supply chain, un spécialiste de l’environnement, un design collectif. »

L’intégration de réflexion autour de la sobriété pousse également à repenser l’organisation de la production notamment. Des réflexions sont en cours dans des PME industrielles autour de la semaine de 4 jours à l'image de ce dirigeant industriel : « La sobriété va nous amener à moins produire donc mécaniquement avoir moins d’heures de travail en production. Nous sommes transparents vis-à-vis de nos collaborateurs et de nos clients. Nos salariés nous réclament actuellement de passer à la semaine des 4 jours mais nous sommes bloqués par la réglementation du travail. Nous cherchons actuellement des solutions pour tendre par exemple vers des semaines de 32 heures avec des heures supplémentaires. Cela permettra à nos collaborateurs de s’engager sur d’autres métiers en parallèle de leur activité́ dans l’entreprise, dans une association. Aujourd’hui, nous sommes bloqués par la réglementation ».

La recherche de sobriété stimule les réflexions du collectif

Du côté des ressources humaines, la sobriété s'approche du concept de frugalité. « Il s’agit de faire mieux (aussi bien) avec des ressources limitées. Cela se produit principalement par l'allocation des ressources sur les projets à plus haute valeur ajoutée et de concentrer les efforts sur les priorités », estime Gilles Verrier, directeur général Identité RH.

La recherche de sobriété stimule les réflexions du collectif, avec une mobilisation des équipes autour de projets communs. Une entreprise industrielle va ainsi lancer un groupe de réflexion avec l’ensemble de ses collaborateurs afin de réfléchir en mode créativité à la façon de révolutionner l’emballage face aux contraintes matières et environnementales. « Ce type de chantier motive énormément les jeunes ingénieurs qui trouvent toute leur place à chercher à réinventer l’existant», explique le dirigeant.

Pour cet autre industriel, « La sobriété, c’est l’énergie non utilisée. On cherche à structurer le temps passé en conception/production et à supprimer les phases inutiles, pour ne pas consommer cette énergie. Par exemple, on abandonne les étapes qui menaient à améliorer l’aspect esthétique de la pièce comme le retraitement de celle-ci ».

L'heure est à la « low tech » ou l'ingénierie sobre. L’école Centrale de Nantes a lancé en 2022 le premier parcours « ingénierie des systèmes low-tech ». Son objectif : former des ingénieurs capables de construire un monde résilient et sobre. Ils devront concevoir des objets, des systèmes ou des services simples qui intègrent la technologie selon trois grands principes :

  • Une low-tech correspond à des besoins essentiels dans les domaines de l’énergie, l’alimentation, l’eau, la gestion des déchets, les matériaux de construction, l’habitat, les transports, l’hygiène ou la santé ;
  • Résiliente, robuste, réparable, recyclable, elle est éco-conçue pour que son impact écologique et social soit optimal, et ce, à toutes les étapes de son cycle de vie ;
  • accessible au plus grand nombre. À l’inverse des hautes technologies, son coût et sa complexité technique ne sont pas excessifs pour une large tranche de la population.

Pour vulgariser la low tech et la rendre accessible, une PME industrielle a créé « La belle Tech » avec pour slogan : « Elle est belle parce qu’elle est simple, robuste, sobre, facile à maintenir ». L’objectif est de développer des outils pour le maraîchage et la cuisson alimentaire que les artisans peuvent maintenir eux-mêmes, ce qui les rend indépendants. La société cherche à faire des choses simples avec le moins de technologies possible. « A travers les outils développés par La Belle Tech, on combat l’intelligence artificielle et on remécanise les choses », estime un collaborateur.

En parallèle, la structure développe une sorte de fablab dans lequel on pourra fabriquer ses propres outils à l’aide des machines d'un consortium d'entreprises et sous la supervision de professionnels. Le client (plutôt profil artisan) est ainsi impliqué dans la démarche de conception. Cela permet de développer des low techs et ensuite de les rendre industrialisables en petites séries.

« La sobriété, c'est l'occasion de remettre les choses à plat au niveau de la production. En installant des capteurs solaires, je produis 35 % de mes besoins énergétiques. J'ai mis en place un tableau de bord pour repérer toutes les pertes.

Je suis en train de regarder avec mon fournisseur japonais de robots pour que les machines s'arrêtent et redémarrent automatiquement le samedi et le dimanche. J'ai consommé 10 % de moins d'énergie alors que j'ai une croissance de 25 %. »

Emmanuel Germain Hydraumatec

« Attention à l’emploi des termes de sobriété et frugalité appliqués aux Ressources Humaines. Est-ce que l’on cherche à les réduire ? Au contraire, je verrais plutôt un questionnement qui permette d'apporter du sens aux salariés et des réponses à des besoins en termes d’enjeu environnemental : comment établir un mode de fonctionnement entre les salariés et l’entreprise qui permette la sobriété pas seulement pour l’entreprise mais pour réduire l'impact environnemental global. »

Régis Dando, RevalueSystems

« Dans l’isotherme, on améliore la conception de nos produits pour éviter les fuites et donc les pertes de calories. Par nature, nous sommes dans la sobriété. Concernant l’entreprise, nous cherchons à ancrer nos applications localement en remplaçant nos fibres de tissus de verre (en provenance à 100% d’Asie) par la fibre de lin ou de chanvre. C’est très écoresponsable, mais cela reste encore très coûteux à ce jour, avec un ratio de 5 à 6. »

Guillaume Dubois, Uniject

Naviguer dans un monde sans assurance

Dernier article de la série sur la prospective climatique et le monde sans assurance. Cet article fictionnelmet en avant les réflexionsstratégiquesdes dirigeants industriels présents lors des rencontres Prospective deJuin 2023.

Naviguer dansun monde sans assurance

Depuis les années 2010, l'entreprise s’inscrivait déjà dans une démarche de durabilité en développant des technologies, des processus et des produits respectueux de l'environnement pour minimiser l'impact des risques environnementaux et atténuer les perturbations causées par le changement climatique. Cependant aujourd’hui, bien que l’entreprise soit des plus propre qu’il soit, l’enjeux principal n’est plus l’impact de l’entreprise sur le climat mais bien du climat sur l’entreprise.

En 2035, le monde a évolué radicalement. Le changement climatique s'est intensifié, des tempêtes violentes et des périodes de sécheresse prolongées ont endommagé les infrastructures partout dans le monde, perturbant les productions et les livraisons tout au long des chaines de valeur. Face à l’impact systémique, les sociétés d'assurances, déjà complètement débordées par les coûts exponentiels des dommages climatiques, n’ont pas résisté à ceux des attaques cybers, ont dû mettre la clé sous la porte, laissant place à un environnement commercial sans ce filet de sécurité. Face à cette nouvelle réalité, Pierre Lambert, dirigeant d'une entreprise industrielle française partage son approche pour prospérer dans ce climat d'incertitude, où les activités et actifs ne sont plus assurés.

« La clé de la résilience de l'entreprise réside dans son agilité organisationnelle. Nous avons repensé notre structure interne pour favoriser la flexibilité et la capacité à réagir rapidement en cas de crise", explique Pierre Lambert.

Décentralisation et auto-assurance

Tout d’abord, l'absence d'assurance a incité l'entreprise à adopter une nouvelle approche financière. "Nous avons constitué un fonds interne pour couvrir les pertes potentielles résultant d'événements imprévus. Le signal d'alarme a retenti en 2026, lorsque mon assureur a refusé de couvrir les dégâts causés par une tempête de grêle sur notre usine", révèle le dirigeant. Ce fonds d'auto-assurance offre une protection vitale contre les aléas imprévisibles, garantissant ainsi la stabilité opérationnelle.

Cela est relativement plus aisé avec la décentralisation de notre production explique le dirigeant : « Nous avons déployé plusieurs petites usines plutôt que de choisir l’agrandissement de notre site historique. Chaque site devient un instrument de résilience, diminuant les risques d'interruptions majeures. Lorsqu'une usine est touchée par une catastrophe naturelle, les autres sites maintiennent la production, limitant les perturbations. » Cela contraste avec le modèle traditionnel d'expansion centralisée qui aurait laissé l'entreprise exposée aux risques concentrés. 

Tisser des Liens Solides

L'augmentation de l'incertitude a également affecté les relations commerciales. Les partenaires et les clients ont commencé à exiger des garanties supplémentaires pour couvrir les risques potentiels. L'absence d'assurances a conduit l'entreprise à développer des accords contractuels plus complexes, intégrant des clauses spécifiques pour répartir équitablement les responsabilités en cas de problème. Le dirigeant a également renforcé les processus de contrôle de qualité et de suivi des produits, afin de minimiser les risques de litiges et de non-conformité. L’utilisation de la technologie comme la blockchain, les jumeaux numériques et la vision intelligente ont grandement améliorer ces derniers points. De plus, conscient des conséquences potentielles des litiges et des réclamations, Marc a mis en place des mécanismes de résolution des conflits plus efficaces. L'entreprise a investi dans des médiateurs spécialisés et des processus de règlement des différends rapides et équitables.

L'Observation Perpétuelle

« Ce qui est déterminant aujourd’hui, c’est notre capacité à anticiper ». 

Des équipes dédiées à l'anticipation des risques ont été formées, avec pour mission d'identifier les menaces émergentes et de mettre en place des plans d'action préventifs. Grâce à la surveillance constante des risques émergents et à l'analyse des données en temps réel, l'entreprise est en mesure de s'adapter rapidement. L'entreprise n'a pas seulement résisté aux défis, elle les a transformés en opportunités. Cette observation a en effet engendré l’arrêt de certaines activités au profit de nouveaux marchés émergents. L'innovation continue est devenue la clé pour maintenir la compétitivité et saisir de nouvelles opportunités commerciales.

L’humain au cœur de larésilience

Tout d’abord, La formation constante permet au personnel de réagir rapidement et efficacement dans des situations imprévisibles et complexes, en particulier dans la gestion de crise proactive : Élaborer des plans de gestion de crise détaillés pour faire face à des épisodes climatiques extrêmes, mais aussi de crises de cybersécurité, et plus largement économiques, sanitaires ou sociales, en identifiant les actions à entreprendre rapidement. Ainsi, les plans de continuité et de reprise d’activité élaborés sont révisés et affinés constamment, et applicable à l’ensemble des aléas identifiés.

Enfin, consciente de son rôle dans la communauté, l'entreprise a renforcé ses initiatives de responsabilité sociale. Cette approche a non seulement renforcé les liens avec la société, mais a également créé un réseau de solidarité entre les acteurs locaux. C'est une autre facette de la stratégie globale de Pierre, reflétant sa vision d'un avenir où les entreprises jouent un rôle actif dans la société et la résilience collective.

Podcast - Enjeux technologiques et partenaires financiers

Dans ce podcast, vous retrouverez des éléments portant sur le lien entre machines et émotion, vers plus de profils chercheur/ingénieur demain? L'enjeu de l'informatique quantique dans les prochaines années. Ce podcast traite également des nouveaux modèles financiers et bancaires.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/podcast-enjeux-technologiques-et-partenaires-financiers/s-lLzKoMfEyuq}

Podcast - Relocalisation : de l'aspiration...à la mise en oeuvre ?

Le discours volontariste de relocalisation se heurte à la nécessaire compétitivité des entreprises et à la polarisation des acheteurs des grands groupes sur le seul coût d’achat. Cela n’empêche pas l’entreprise de s’ancrer dans les territoires au cœur d’un projet sociétal porté par les collectivités.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/relocalisation-de-laspiration/s-0E8dabgqIGY}

Podcast: Environnement macroéconomique

Bénéficiez des signaux - dans ce 1er podcast- issus des rencontres Prospective Industries de décembre 2021. Les signaux traitent des nouvelles alliances géopolitiques, de la géopolitique de l'énergie et transition énergétique, des ressources énergétiques et de la réindustrialisation , de la thématique autour des nouvelles législations et de la finance.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/geopolitique}