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L'innovation peut-elle être un bien commun partagé? Témoignages d'industriels

Vidéo:

Sacha Stojanovic, Président fondateur de Meanwhile et Jean-Philippe Banquet, Responsable production et industrialisation chez Dani Alu confrontent leurs points de vue autour de la question de l'innovation comme bien commun partagé. Nous vous laissons découvrir leurs opinions partagées lors de la rencontre prospective de juin 2021.

L'open source, une voie en émergence dans l'industrie

Les enjeux de l’économie durable et notamment de la réparabilité, d’autant plus dans un contexte d’entreprises travaillant en réseau,  laissent place à une nouvelle tendance émergente : l’open-source. Son économie s’avère très créatrice de valeur.

« Aujourd’hui, la seule avance que l’on peut avoir, c'est dans notre capacité à industrialiser hyper rapidement et de façon sécurisée. Le succès, il est là, il n’est pas ailleurs. » Pour ce dirigeant, le temps n'est plus où déposer un brevet permettait de se protéger de ses concurrents et de disposer ainsi de quelques années d'avance. D'autant que l'entreprise s'inscrit de plus en plus dans un réseau, comme l'indique cet industriel : « On ne travaille plus seuls. On a réussi, par exemple, à se mettre d'accord avec EDF d'un point de vue juridique pour partager des informations confidentielles en vue de travailler ensemble sans propriété intellectuelle. Et on a réussi à le faire en une semaine, alors qu'avant, cela nous aurait pris des mois d'échanges entre avocats ».

ET SI LES PLANS DE FABRICATION ÉTAIT DISPONIBLE EN LIBRE ACCÈS ?

Certains chefs d'entreprise considèrent que les démarches sur la propriété intellectuelle sont de moins en moins pertinentes. D’après eux, le processus serait long et très coûteux dans une époque où tout est réplicable.

Une tendance émerge en revanche la mise à disposition des plans de fabrication, pour favoriser la réparabilité des produits et donc l’allongement de leur durée de vie. « Le fait de mettre des plans en accès libre ne prive pas de clientèle, estime un dirigeant industriel. Le client s'adresse à nous parce qu'il est incapable de produire lui-même. En revanche, il nous fait de la publicité en communicant sur notre produit. »

Un de ses confrères remarque : « Nos clients veulent du plug-and-play réel, indique un dirigeant industriel. C'est ce que nous leur proposons, parce que ce qui est fermé, ce qui est propriétaire n'a plus de sens. C'est un état d'esprit. Il ne faut plus compter sur la propriété intellectuelle pour nous protéger, mais pour accélérer. Pour moi, le succès n’est pas sur la propriété intellectuelle et sur le fait d’avoir l'idée ; la difficulté c'est être capable d'implémenter le produit. »

Pour d’autres industriels, la propriété intellectuelle reste un atout et un actif et représente une véritable valorisation.

OPEN SOURCE : 8 % DE CROISSANCE ANNUELLE ENTRE 2022 ET 2027

L’économie de l’open source s'avère plus créatrice de valeur que jamais. La Commission Européenne a publié les résultats d’une étude analysant l’impact économique d’Open Source Software and Hardware sur l’économie européenne. On estime que les entreprises situées dans l’UE ont investi près d'un milliard d’euros dans des logiciels libres en 2018, ce qui a eu un impact positif sur l’économie européenne de 65 à 95 milliards d’euros. D’autre part, on estime qu’entre 80 % et 96 %, des codes qui composent les logiciels aujourd’hui sur le marché – y compris les logiciels propriétaires – sont d’origine open source*. 

« Année après année, l'open source continue sa croissance, avec une perspective très encourageante de près de 8 % par an entre 2022 et 2027, constate Marc Palazon, Président de la Commission open source et administrateur de Numeum. Cette forte progression montre l'influence grandissante de l'Open Source sur l'économie numérique en France, comme en Europe. »

 

* Source : 2022 Open Source Security and Risk Analysis Report

L’hybridation de l'industrie et du digital selon Tesla

Vidéo:

Tesla ne se définit pas comme un constructeur automobile mais comme un acteur de la transition énergétique. L’entreprise adopte un raisonnement systémique qui prend sa source dans les grands enjeux sociétaux (comment, avec l’automobile, apporter des solutions de mobilité qui optimisent l’énergie ?) et dans une connaissance des comportements et attentes de ses clients poussée à l’extrême. Ce faisant, elle pratique « l’hyper-manufacturing », c’est-à-dire, selon Mickaël Valentin :

  • l’hybridation entre le secteur industriel classique et le secteur digital avec ses nouveaux codes. Elle favorise l’agilité de la supply chain des usines grâce à la mise en œuvre d’outils plus innovants (maintenance prédictive, données actualisées en temps réel…) et permet de créer de nouveaux modèles d’affaires qui disruptent le secteur industriel ».

Avec l’hyper-manufacturing, Tesla peut :

  • ASSOCIER LES ENJEUX DE MOBILITÉ ET LES ENJEUX DE TRANSITIONÉNERGÉTIQUE
  • Tesla réfléchit au développement d’une plateforme autour du véhicule autonome, qui permettrait de proposer des services connexes (favoriser l’autopartage pour réduire la consommation de ressources, mettre en location des robots-taxis moyennant une rémunération pour leur propriétaire…).
  • Tesla envisage la possibilité que l’électricité nécessaire aux voitures soit produite par les panneaux solaires de leur propriétaire. L’entreprise pourrait dès lors développer une plateforme de revente d’énergie associée à ses véhicules.  "Les services n’existent pas encore mais nous sommes au tout début de cette logique systémique autour du véhicule et de l’énergie », Michael Valentin
  • Les données utilisateurs permettent de contextualiser les besoins du produit. L’entreprise propose déjà à ses clients d’actualiser les logiciels du véhicule afin d’augmenter l’autonomie de la batterie, par exemple en cas d’intempéries empêchant le conducteur de s’arrêter pour recharger.
  • DÉVELOPPER L’AGILITÉ DE LA PRODUCTION FACEÀ LA CRISE DES SEMI-CONDUCTEURS
  •  Face à la pénurie de semi-conducteurs, les équipes d’ingénierie électrique et micro-logicielle de Tesla ont modifié 19 fois en 2021 le logiciel des véhicules, pour y intégrer des puces alternatives plus accessibles et continuer à développer les cartes électroniques et les cartes graphiques de la voiture.

 

  • LES PRÉREQUIS DE L’HYBRIDATION INDUSTRIE-DIGITAL POUR TESLA

           En matière de gestion des données, plusieurs prérequis sont à considérer :

hybridation tesla

Source: Isabelle NOURY - Sequences Meta

 

Merci à  Michael Valentin, Directeur associé d’Opeo[1] pour ses clés de lecture sur le sujet 

La crise d’approvisionnement redéfinit le rôle du service Achats

Dans un contexte marqué par les difficultés d'approvisionnement, les retards de production, la rationalisation des productions chez certains fournisseurs, les entreprises sont contraintes de repenser leurs méthodes d'achat et de collaboration interne. Une tendance émergente, où les rôles traditionnels sont bousculés, suscite l'attention : l’intégration des services achats dans les processus de conception, d’innovation et de production.

Un inversement des rôles

Auparavant, le processus d'achat suivait un schéma bien établi : le bureau d'études définissait les critères techniques, et les achats trouvaient les meilleures offres conformes à ces critères. Cependant, les difficultés conjoncturelles et structurelles d'approvisionnement, qui touchent diverses industries ont bouleversé cette dynamique. Désormais, ce sont les équipes d'achats qui informent le bureau d'études sur ce qui est accessible sur le marché. Ce dernier doit alors s'adapter techniquement pour intégrer les produits et matériaux disponibles.

Pierre-Marie Gaillot, directeur de la transformations des entreprises au Cetim, souligne cette transformation : « Les relations s’inversent entre service achats et bureau d’études, c’est-à-dire entre celui qui est « client » et celui qui est le « support » dans l’organisation de l’entreprise. »

Des bénéfices opérationnels et organisationnels au service de l’innovation

Cette réorientation des rôles favorise une plus grande collaboration et un rapprochement entre les différentes fonctions de l'entreprise. Les services achats ne se contentent plus de choisir les fournisseurs, mais ils deviennent des facilitateurs, aidant les équipes de conception et de production dans leurs développements malgré les obstacles liés à la disponibilité des matériaux et des composants. Les crises d'approvisionnement ont poussé les acteurs de l'industrie à revoir leurs modèles opérationnels et à repenser la manière dont les décisions sont prises. Ils ouvrent également la voie à de nouvelles opportunités d'innovation.

« Pour répondre à ces défis, les bureaux d'études s'orientent vers le développement de la conception modulaire. » Explique Pierre Marie Gaillot.  Cette approche permet aux entreprises d'intégrer des modules qui incorporent diverses technologies. Ainsi, les entreprises peuvent plus facilement passer d'une solution à une autre en fonction de la disponibilité des composants, s’affranchissant ainsi d’une dépendance à un fournisseur ou une technologie. Outre la résilience aux perturbations d'approvisionnement, cela stimule également les bureaux d’études à imaginer de nouveaux produits prenant en compte cette tendance dans leurs méthodes de conception et de design.

La crise de la Covid-19 modifie-t-elle vos relations avec vos environnements externes ?

Témoignages d’industriels qui ont répondu à cette question posée lors des rencontres Prospective Industries.

anonyme« Les relations client/fournisseur se sont humanisées pendant la crise de la Covid-19. La relation d'Homme à Homme a remplacé les liens purement commerciaux et permis à chacun de mieux se connaître et de comprendre les problématiques de l'autre. »

Laurent Lamballais

designer indépendant

 

anonyme« Les relations de solidarité établies avec les clients n'étaient que provisoires. Les mauvaises habitudes reprennent vite le dessus. L'avenir appartient aux fournisseurs qui sauront dire non aux clients qui les empêchent de travailler au juste prix et dans de bonnes conditions. La concurrence frontale est mortifère. Le fait de dire non oblige à être plus créatif et à se recentrer sur la qualité plutôt que sur les volumes. »

Denis Coret

REP

 

anonyme« La restriction des visites commerciales et le développement de la visio-conférence nous a fait entrer dans l'intimité du client ce qui a créé un climat différent. Il a fallu s'adapter à une autre forme de collaboration, plus personnelle. Pour les prospects, c'est la même chose : le webinaire nous fait découvrir des personnes avant de découvrir l'entreprise. Cela change l'approche commerciale. »

Sylvain Houdou

Dintec

anonyme« Nous avons mis en place une cellule d'écoute et d'accompagnement pour maintenir le lien avec nos clients. Nous leur avons proposé des conseils sur les démarches de financement mises en place par l’État pour protéger les entreprises. Cela nous a permis de poursuivre les livraisons et même d'augmenter les volumes. En les habituant à une relation plus personnalisée, les clients deviennent plus exigeants, mais c’est une façon de nous différencier. »

Alexis du Merle

Lippi

 

anonyme« Je fais partie des utopistes qui veulent croire que la Covid-19 a fait prendre conscience à beaucoup, y compris dans les grands groupes, de la nécessité de produire et de consommer autrement. Mais la crise sanitaire n'a pas duré assez longtemps pour que l'on passe aux actes et que l'on remette en question les modèles actuels de développement. Elle nous indique pourtant qu'il est grand temps de reconsidérer notre relation à la "Pachamama (la "terre-mère" dans la culture inca)". »

Fabrice Audrain

Dynalec

 

anonyme« Nous avons démontré que nous étions capables de constituer des grappes d'industries agiles en France, de mettre en place des coopérations opérationnelles dans des délais courts, au bénéfice de la société : c'est encourageant ! Serons-nous capables de faire de même pour développer notre souveraineté technologique dans la période post-covid ? »

Fabrice Lefebvre

Sattnord

La dimension sociale et handicap : un enjeu pour les entreprises

Vidéo:

De plus en plus de clauses sociales sont intégrées dans les marchés publics. Un enjeu pour les entreprises :  réfléchir à des solutions internes et externes pour répondre au mieux à ces clauses sociales. Nous vous proposons de découvrir via cette vidéo ce nouveau signal présenté par Daniel Lafranche, directeur général de Bretagne Ateliers

La mutation des chaînes de valeur : un atelier Prospective Industries en AURA

Près de deux mois avant les Rencontres « Prospective Industries », FIM AURA, le Cetim et l’UIMM Lyon-France ont organisé un atelier dans le cadre de la dynamique. Objectif : permettre aux industriels de réfléchir et d’échanger sur la mutation des chaînes de valeurs. Pour cela, plusieurs méthodes d’animation décalées ont été utilisées dont le fishbowl.

Ça relocalise ou ça délocalise ? Qui a peur de la Chine ? Plan de relance ou plan de survie ? Qu’achète le client aujourd’hui, un prix ou un délai ? Le digital, sauveur de l’industrie ? Compétitivité hors prix, mythe ou réalité ?

Autant de questions sur lesquelles industriels et animateurs ont réfléchi, débattu voire se sont opposés lors de cet atelier. Parmi les tendances dégagées de l’exercice : l’importance toujours accrue des achats responsables, de la RSE, des circuits courts. En d’autres termes, de l’employé à l’acheteur, les dimensions environnementale et éthique de l’entreprise et ses produits pèsent toujours plus lourd dans la balance. Dans le même temps, le client, voire même le consommateur final souhaitent acheter toujours moins cher, révélant parfois un comportement schizophrène.

Cet atelier, qui s’est déroulé le 21 octobre à Saint Priest (69), a mis en lumière des éléments qui seront débattus dans 5 régions lors des Rencontres Prospectives.

Nouveauté de cet atelier : la méthode Fishbowl animée par Karine Lenoir Capelle de la société Jalan Jalan. Connaissez-vous ce type d’animation ? Le principe est de disposer en cercle autant de chaises que de participants (ici d’industriels participants). Au centre de celui-ci sont disposées 5 chaises : 2 animateurs et 3 chaises libres. Ici, pour chacune des questions, les 2 animateurs ont opposé drastiquement leur point de vue. Lorsqu’un participant souhaitait prendre la parole, il devait se lever du cercle et s’asseoir sur une des chaises centrales pour prendre la parole. Il devait la quitter dès lors qu’il avait exprimé son point de vue. Une démarche nouvelle et décalée qui vient en cohérence de la dynamique Prospective Industries pour laquelle le quart d’heure d’avance est primordial. Les industriels se sont ensuite retrouvés en deux groupes pour d’une part imaginer ce que serait demain leur « nouvelle » chaîne de valeur et d’autre part afin de construire la « Une » du journal de leur entreprise en 2030 sur la base d’une question : « Comment j’ai réussi à m’épanouir dans ce nouvel environnement ? »

Industriels, vous aussi intégrez la dynamique en participant aux Rencontres qui se dérouleront dès le 24 novembre et jusqu’à mi-décembre en visio conférence ! 

Informations et dates

Métaux stratégiques : une adaptation nécessaire à cette nouvelle guerre économique

 

Concentrés dans quelques pays et chez quelques exploitants, les métaux stratégiques pour la décarbonation de l'économie pourraient devenir une arme économique et diplomatique. Les industriels, notamment dans l'automobile, anticipent les tensions et sécurisent leurs approvisionnements.

« Nous sommes potentiellement en train de passer d'un monde de cycles de matières premières à un monde de pics de matières premières en raison du sous-investissement de la dernière décennie [...] Si, par exemple, le monde avait besoin de 2 à 3 millions de barils par jour de pétrole supplémentaires en raison de la reprise en Chine ou aux États-Unis, les producteurs auraient du mal à trouver ces approvisionnements car il y a très peu de capacité de réserve. Le cas du pétrole s’étendra dans le futur vers les métaux et autres minerais stratégiques. » Dans cette situation décrite par Saad Rahim, chef économiste de Trafigura, spécialiste du marché mondial des matières premières, les métaux stratégiques ou critiques pourraient devenir, à l'instar du pétrole et du gaz, une arme économique et diplomatique.

Des tensions attendues dans un certain nombre de pays producteur

La demande de métaux augmentera de manière significative et rapide, en particulier pour ceux nécessaires aux batteries des véhicules électriques.  Selon l’Agence internationale de l’Énergie, la demande mondiale en cobalt, lithium et nickel pourrait être multipliée respectivement par 21, 42 et 19 à l’horizon 2040. Paradoxalement, l’extraction, la transformation et le raffinage de ces matières vont croître, augmentant par la même occasion l’utilisation d’énergie fossile et d’eau.

Le secteur est concentré d'abord géographiquement. Témoin, l'arrêt en décembre dernier des usines de raffinage de lithium à Yichun en Chine, pour cause de pollution, pourrait réduire la production mondiale annuelle de 4 %. Des tensions sont attendues dans un certain nombre de pays producteurs : stress hydrique en Afrique du Sud, Australie, au Chili et au Pérou, instabilité politique dans les pays africains, états en guerre comme la Russie. Environ 70 % du cobalt utilisé à travers le monde est extrait en République démocratique du Congo (RDC), un pays connu pour sa pauvreté, son niveau de corruption et ses atteintes aux droits de l’homme.

La concentration existe aussi chez les exploitants. C’est en particulier le cas du lithium avec 80 % de la production mondiale détenue par cinq compagnies : deux américaines, deux chinoises et une chilienne.

Créer un cartel des métaux ?

Sur le modèle de l’OPEP  (organisation des pays exportateurs de pétrole), un rapprochement de certains pays producteurs est-il envisageable, pour réguler la production mondiale des métaux, avec à la clé un nouveau pouvoir de négociation pour ces pays  ? Fin octobre 2022, le ministre indonésien de l'Investissement Bahlil Lahadalia a évoqué dans le Financial Times la possibilité de créer un cartel des principaux pays producteurs de métaux des batteries. Selon Emmanuel Hache, directeur de recherche à l’IRIS** et spécialiste de la prospective énergétique, cela reste encore peu probable, en raison de la structure des exploitants miniers, des contextes et positions politiques internes et externes des pays concernés.

Cette situation critique sur des ressources naturelles aussi stratégique a conduit l'État français à créer l'Observatoire français des ressources minérales (Ofremi). « Si des tensions ou une crise devaient intervenir, nous serions en mesure d'apporter un éclairage rapide pour aider les acteurs publics et économiques à définir les meilleurs réponses possibles», indique Stéphane Bourg, directeur de l'Ofremi. Il s'agit également de créer une diplomatie des métaux, selon un communiqué du BRGM (Bureau de recherche géologique et minier), et de permettre à la France « de mieux connaître et valoriser son propre sous-sol alors que notre pays dispose justement, en métropole et en outre-mer, de certains métaux critiques : lithium, dans le granit de Beauvoir dans l'Allier et dans l'eau géothermale d'Alsace, nickel et cobalt, en Nouvelle-Calédonie, etc.».

Des constructeurs automobiles ont investi massivement dans des mines

Les industriels anticipent les tensions et sécurisent leurs approvisionnements à travers des partenariats avec des groupes miniers. C'est notamment le cas des constructeurs automobile, dépendants à 85 % des Chinois, qui ont investi massivement dans des mines, ainsi que des usines de raffinage de métaux et de fabrication de batteries.

Une préoccupation telle que des géants comme Tesla, Renault ou BMW se livrent une compétition sans merci pour passer des accords avec des groupes miniers pour garantir leur approvisionnement. Après avoir déjà conclu des accords avec le groupe chinois Ganfeng Lithium, Tesla envisage de devenir l'actionnaire principal de Glencore, le géant des matières premières.

Renault et le groupe marocain Managem ont annoncé durant l'été 2022 avoir signé un contrat d'approvisionnement en cobalt. Cet accord intervient quelques mois après l’accord entre le constructeur français et la société australienne Vulcan Energy pour sécuriser ses approvisionnements en lithium et celui avec le Finlandais Terrafame pour se fournir en nickel. Ford, Volkswagen et BMW adoptent une stratégie similaire.

 

*Bureau de recherches géologiques et minières.

**Institut de relations internationales et stratégiques.

« En décolletage, le rendement matière est faible. La moitié de la matière mise en œuvre part au recyclage. Le process de frappe à froid permet d’obtenir un rendement de 90 à 95 %. Cette activité est en plein essor avec une croissance de 30 % par an. Nous avons démarré l’activité en 2015. La forte progression depuis 2021 est aidée par le fait que le process est moins énergivore, qu'il consomme moins de matière première et qu’il génère moins de déchets. C'était déjà intéressant quand la matière était à 3 euros le kg, alors à 6 euros… »

Stéphane Lucas, Ardec Industrie

Pensez-vous avoir un rôle à jouer dans la construction d’une vision collective ?

Morceaux choisis des réponses d'industriels invités à répondre à cette question lors des rencontres Prospective Industries

Point de vue

« Le scientifique réapparait. Il y aura une plus grande consultation des scientifiques demain. Besoin de plus de rationalité et l’industrie en ce sens a toute sa place. On a vu le retour des scientifiques à travers le sanitaire mais les enjeux à venir montrent que le tech et le high tech seront nécessaires. »

Point de vue

« L’industrie est positionnée à la croisée des grands enjeux sociétaux : l'eau, l'énergie, la décarbonation, l'alimentation, les inégalités, etc. Elle tisse des liens culturels et économiques très forts avec son territoire. Pourtant, alors qu'elle représente l'activité du réel, centrée sur les attentes des individus au cœur du territoire, son image reste trop ciblée sur les process, plutôt que sur les solutions qu'elle apporte. »

anonyme« Les industriels doivent travailler sur de nouveaux modèles de développement, comme les circuits courts. Si on est plusieurs à y croire et à agir, alors on peut y arriver ensemble. Beaucoup d’actions ont été menées localement dans les territoires, par exemple pour fabriquer des masques. Notre agilité de PME peut faire bouger les grands groupes qui ne pourront pas éternellement pratiquer la politique de l'autruche. »

Betty Boland

Kaecia Kuhnke

 

anonyme« L’entreprise est un phare parmi tous ces changements sociétaux. L’industrie est au centre de la création de valeur. Elle est assez révélatrice de l’hétérogénéité des classes sociales et a donc toute sa place pour jouer un rôle dans la société. »

Jean Castillon

Bouzinac

anonyme« Le monde d’après sera construit par les entreprises et leurs salariés qui doivent se focaliser sur le modèle qu'ils souhaitent développer. Il faut savoir partager un projet commun, donner du sens et fédérer les équipes. »

Alexandre Lacour

Someflu

 

anonyme« La crise de la Covid 19 a eu un intérêt : elle nous a obligés à faire preuve d'imagination et de créativité en matière technique et organisationnelle. Mais nous sommes toujours à la merci d'une crise majeure. L'important c'est de s'y préparer et de rester attentif pour être prêts à faire face. D'où l'importance d'être agile, de disposer d'un bon réseau de décideurs et contacts pour réagir rapidement. »

Hervé Tilloy

manager de transition

Podcast - Et si...le monde d'après...avait déjà commencé ?

A l’ere du coronavirus, il y a des enjeux clés pour l’industrie et ces enjeux sont très liés aux besoins de protection et engage de plus en plus la responsabilité de l’entreprise. Les 4 principaux enjeux sont : la sécurité sanitaire / la production de sens / l’intégration dans l’environnement / la digitalisation. Ce ne sont pas l’un ou l’autre mais bien tous ces enjeux qui cohabitent à prendre en considération.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/et-si-le-monde-dapres-avait/s-4U1Hu4oLOkm}

Podcast - Nouveaux rapports de force / Nouvelles alliances

Parmi les nombreux défis à relever, les industriels et leurs partenaires ont dû trouver des solutions pour produire vite et localement, tout en sécurisant les approvisionnements et l'activité. Tel est le principal défi auquel les industriels et leurs partenaires ont été confrontés durant cette pandémie. Cela les a obligés à inventer de nouvelles formes de coopération, des façons novatrices de travailler ensemble qui préfigurent peut-être de nouveaux modèles de production.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/nouveaux-rapports-de-force/s-XTndQrREkt0}

Podcast - Nouvelles approches, agilité et mise en récit

De nouvelles approches liées à la stratégie pour intégrer les collaborateurs, du recentrage au coeur de métier à la stratégie d'innovation , l'hypermodularité : jusqu'où repousser les limites de l'agilité?

Vers de nouveaux modèles en passe de devenir réalité et la question de la mise en récit de l'industrie

{https://soundcloud.com/prospective-industries/podcast-strategie-et-dynamique-de-developpement/s-p6GRRVXKV04}

Podcast - Système relationnel des entreprises

Les nouvelles relations clients-fournisseurs , des démarches commerciales phygitales qui amènent de nouveaux enjeux . Et si on tendait vers de nouvelles intermédiations dans l'organisation de la chaîne de valeur ?

{https://soundcloud.com/prospective-industries/podcast-systeme-relationnel-des-entreprises/s-c82yuDQkhCW}

Podcast : Dynamique de développement

Ce 3ème podcast réalisé à l'occasion des Rencontres Prospective Industries de juin 2021 traite des signaux liés aux dynamiques de développement et plus spécifiquement les évolutions des stratégies et des modèles d'entreprises

{https://soundcloud.com/prospective-industries/podcast-3-dynamique-de-developpement/s-dlDiwp7l5Z9}

Podcast : Dynamique de développement (partie 2/2)

Bénéficiez des signaux - dans ce 3ème podcast - issus des rencontres Prospective Industries de décembre 2021. Les signaux traitent de la réduction de l'empreinte des industries, l'avenir de la fonction achat, les nouvelles mobilités.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/achatinnovation}

Podcast: Dynamique de développement (partie 1/2)

Bénéficiez des signaux - dans ce 2ème podcast - issus des rencontres Prospective Industries de décembre 2021. Les signaux traitent des nouvelles formes de valeur dans l'industrie. Vous trouverez un deuxième épisode également sur le sujet des dynamiques de développement.

{https://soundcloud.com/prospective-industries/dynamiquededeveloppement}

QRM : la chasse au temps perdu

Le QRM (Quick response manufacturing) s’adresse à trois types d’entreprises : celles confrontées à des petites séries personnalisées avec des variantes multiples et des délais courts, celles désireuses de diminuer leurs stocks et leurs délais, celles pour lesquelles la réduction des temps de cycle représente un enjeu stratégique. Présentée lors des Rencontres industrielles régionales de Cap’Industrie, la méthode repose sur quatre principes :

  • Juger la performance sur les critères de temps, plutôt que sur le taux d’occupation des machines. Autrement dit penser réduction des délais plutôt que diminution des coûts. Objectif : réduire tous les moments inutiles (modifications, aller-retour, etc.) dans le traitement d’une commande.
  • Mieux travailler ensemble pour réduire le temps de passage de la commande. Il s’agit de passer d’une organisation fonctionnelle rigide à une structure polyvalente et flexible en cellules autonomes. Les spécialistes deviennent polyvalents. Les décisions se prennent ensemble. L’objectif partagé par tous est alors de réduire les délais, une notion plus simple à comprendre et à accepter que celles qui consistent à « gagner en efficacité » ou à « améliorer la performance ».
  • Valoriser la dynamique des systèmes. Rajan Suri, le fondateur du QRM, a démontré mathématiquement que, dans un environnement à forte variabilité (type et nombre de commandes), lorsqu'un système approche de 100 % de fonctionnement, le délai ne fait qu’augmenter. Contrairement aux idées reçues, face à une forte variabilité, la solution la plus économe et la plus efficace n’est pas d’augmenter le taux d’occupation d’un système ou d’une machine. Dans cet environnement, mieux vaut maintenir un taux d’utilisation des ressources inférieur à 80 %.
  • Appliquer la méthode à tous les services de l’entreprise. Production, administration, finances, recherche & développement, achats, etc. le QRM s’applique à toutes les activités de l’entreprise. Cela suppose d’inviter les collaborateurs à réfléchir ensemble à de nouveaux modes de fonctionnement. Un changement culturel important.

pi910 lean qrm

 

anonyme« Gagner du temps fait partie de l’ADN de l’entreprise. C’est donc naturellement que nous avons utilisé la méthode QRM. Il faut oser, se lancer, voir ce que cela donne et accepter les changements.

Dans l’atelier, c’est une démarche que nous avons mis en place après la réflexion menée par le groupe exploratoire QRM du CDM. Les opérateurs ont réfléchi aux moyens de réduire les temps, sans se préoccuper directement des coûts. Cela a débouché sur des solutions basiques, par exemple rapprocher certains outils du poste de travail, et sur des idées plus profondes jusqu’à la réorganisation complète de la fabrication. Nous avons amélioré notre taux de service et notre chiffre d’affaires de manière significative. La méthode nous a apporté de la sérénité et une vision nouvelle de la production et de l’entreprise. »

Landry Maillet

ABCM (CDM)