Faut-il réinventer le récit industriel ?
Depuis deux décennies, le réchauffement climatique et les atteintes à la biodiversité, établis scientifiquement, mettent à mal le récit sur lequel l’industrie fondait sa légitimité économique et sociale. La croissance, qui assurait l’emploi et la prospérité des classes moyennes, n’est plus considérée comme une valeur positive. Du moins, elle n’est plus partagée par l’ensemble des parties prenantes. Elle ne répond donc plus à l’intérêt général.
Pour Virginie Raisson-Victor, géopolitologue et prospectiviste « sauf si le monde industriel décidait de mobiliser des moyens croissants et de plus en plus coûteux pour lutter contre le changement climatique, il devient indispensable pour lui de trouver un nouveau récit qui permette de réconcilier l’intérêt de toutes les parties prenantes. En s’emparant de ces enjeux de climat et de ressources dans une approche systémique et pionnière, il gagnera un gisement d’innovation et de progrès ». Un peu comme la contrainte énergétique a stimulé le progrès scientifique et donné l’impulsion à la révolution industrielle du XIXe siècle.
Virginie Raisson-Victor se demande « si cette contrainte environnementale globale ne pourrait pas ouvrir au progrès un nouveau laboratoire et donner naissance à ce fameux monde d’après que tout le monde invoque sans avoir une idée précise de ce à quoi il va ressembler. Voilà tout l’intérêt du récit pour les industriels : retrouver le sens de l’Histoire, le sens du progrès sans s’opposer à l’ensemble des parties prenantes ».